Somalie : les Shebab publient des clichés du commando français abattu

Arthur Beaufils 14/01/2013 0

Les Shebabs somaliens ont publié lundi 14 janvier des photographies d’un des commandos français abattu lors de l’assaut contesté qui a eu lieu dans la nuit du vendredi 11 janvier sur les côtes somaliennes. L’apothéose macabre d’une opération désastreuse.

photos prises par les Shebab

Un commando du Service Action de la DGSCE est intervenu à Bulomarer, en Somalie, un fief des Shebab, des combattants islamistes qui contrôle une partie de la Somalie. L’opération devait permettre d’extraire un otage français, Denis Allex. Cet agent de la Direction générale de la sécurité extérieure a été capturé il y a trois ans dans la région.

Cette opération militaire a été la première du quinquennat de François Hollande. L’échec est cuisant. Une quarantaine d’hommes ont atterri avec des hélicoptères déployés depuis un bâtiment de projection et de commandement de l’opération Atalante. Le bilan est lourd puisque trois agents ont péri durant l’assaut. Repérés par des villageois à trois kilomètres de la cible, les commandos ont affronté sans appui aérien une centaine de Shebab « lourdement armés » selon des locaux, a rapporté l’AFP dimanche 13 janvier.

L’otage, deux soldats ainsi que 17 « terroristes » ont été abattus durant l’opération selon le ministère de la Défense. « Tout nous laisse à penser malheureusement aussi que les shebab se préparent à organiser une mise en scène macabre et indigne » avait déclaré Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense. Les autorités somaliennes locales dénoncent le meurtre de plusieurs civils lors de l’assaut.

« François Hollande, cela en valait-il la peine? »

Cette légende accompagne la photographie de la dépouille de l’agent français, « François Hollande, cela en valait-il la peine? ». Son équipement nocturne et ses armes ont également été pris. Selon les Shebab, le soldat serait le chef du commando. Ces photographies ont été publiées sur le compte Twitter des Shebab, le réseau social devient un élément incontournable des guerres terroristes du XXIe siècle.

Interrogé dimanche matin sur Europe 1, un ancien du Service Action de la DGSE, le colonel Thierry Jouan, s’est dit « triste de cette opération, mais qui était cependant nécessaire ». Il ajoute que son « sentiment d’officier, commando et ex-DGSE, c’est que cette opération aurait dû être menée depuis longtemps. Il ne faut pas oublier que notre camarade a été retenu en otage pendant trois ans dans des conditions absolument déplorables, lamentables, odieuses, affreuses ».

La France ne négocie pas avec les terroristes

L’assaut était inévitable. La France ne paye pas de rançons, au moins officiellement, pour les otages français détenus à travers le monde. Denis Allex n’était pas non plus un civil mais un agent en mission, son dossier était bien plus sensible. Le Service Action est intervenu pour délivrer un « frère d’arme » comme l’explique le colonel Jouan, « je pense connaitre ce que camarade a pu ressentir tous les jours, à se dire ‘est-ce que demain, je serais vivant’? Lui, a vécu cela pendant trois ans, sans voir peut-être la lumière ». Lui-même a été emprisonné par les Khmers Rouges au Cambodge durant 4 semaines.

La légitimité de cette opération est incontestable au regard de la situation de l’otage a rappelé le ministre de la défense sur Europe 1. L’échec de celle-ci résulte de la lenteur de la chaîne décisionnelle. L’otage avait été repéré avec précision le mois dernier selon des sources proches de la DGSE, le moment idéal pour lancer l’opération.

De nombreuses questions restent en suspend. Les corps des soldats tombés au champ d’honneur n’auraient jamais du être abandonnés sur place. L’occasion a tout de suite été saisie par les « terroristes » qui vont utiliser les clichés comme une arme de propagande massive. Une sérieuse déconvenue pour la diplomatie française et la lutte contre les terroristes qui détiennent toujours une dizaine d’otages en Afrique.

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