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Christiania: la fin d’une ville libre

Vincent Bonhomme 15/04/2012 0

En raison d’une décision judiciaire, la communauté hippie autosuffisante doit réunir 10,2 millions d’euros pour racheter ce bout de terre qu’elle occupe illégalement depuis des années.

Christiania qui se situe en plein coeur de Copenhague, a été fondée le 26 septembre 1971 par un groupe de hippies.

Ces groupes ont squatté une ancienne base navale de l’OTAN désaffectée et en ils ont fait leur domicile. Cette zone d’une trentaine d’hectares ultra libertaire est devenue une zone de non droit.

Fondée par un cinquantaine de personnes faisant face à la crise du logement qui frappait la ville à cette époque, elle est devenue l’attraction phare de la capitale Danoise et est rebaptisée par la suite « Christinia, ville libre ». Le panneau à l’entrée non indique même que l’on sort de l’union européenne!

Un million de touriste visitent chaque année ce squat géant, refuge d’artistes, militants et autres « énergumènes » en marge de la société. Elle possède une économie et sa propre monnaie, un vaste espace agricole, une fabrique de vélos, des ateliers de restauration de poêles et voitures anciennes, une boulangerie, sa célèbre imprimerie, ses jardins et une unité d’éboueurs/recycleurs.

La vie culturelle prend une part importante des Christianites. Il y a un cinéma, des théâtres, une radio libre et une foule de bars, restaurants et lieux de spectacles pour se divertir.

La commune, décorée de peintures psychédéliques, une école, des ateliers, un skatepark couvert et un camping gratos! La zone est interdite aux véhicules motorisés, elle est représentée comme un exemple de réussite. Partis de rien, les habitants ont su développer un système alternatif et autonome original qui dure depuis plus de 40 ans.

Christiania est dirigée par une multitude d’assemblées qui gère le fonctionnement général de la ville. Dans ces assemblées, les décisions ne sont jamais prises selon un vote mais quand il semble à chacun qu’un consensus a été atteint. Les relations économiques ordinaires qui ont cours à l’intérieur de Christiania n’ont jamais eu de liens matériels avec le monde extérieur.

Plusieurs collectifs d’habitations pratiquent un partage modéré et de nombreux collectifs d’activités travaillent sans but lucratif, voire sans rémunération. Cependant l’Etat a réagi et ne cesse de mener des actions en justice contre les habitants et la police contrôle l’entrée et la sortie du site. Ce dernier risque de changer de mains car situé au coeur de la capitale danoise, tous ces mètres carré valent aujourd’hui de l’or.

Paradis de la drogue, on y trouve un veritable marché de la ganja à ciel ouvert :

La fin de la commune libre ?

Finies, alors, les promenades sur l’emblématique Pusher Street où marginaux et touristes de la defonce déambulent et se trainent devant des étales garnis de hashich et de têtes de chanvre, où il est interdit de prendre des photos, et même de courir sous peine d’effrayer les vendeurs. Pour protéger leur « paradis vert » , les habitants ont créé une fondation pour racheter le terrain. « Deviens dès aujourd’hui actionnaire de Christiania » est le slogan visible sur leur page Facebook.

Christiania peut compter sur un revenu annuel de 20 millions de couronnes (2,6 M euros) constitué des loyers volontairement versés par son millier d’occupants dont un bon nombre mènent une vie professionnelle ordinaire à l’extérieur de la commune. Mais on est bien loin du compte.

Inquiets, les habitants se rendent compte que les dons ne décollent pas. Une des potentielles raisons ? La criminalité. Qui dit trafic de drogue, dit trafiquants. Certains refusent de donner à cause du trafic de cannabis, tenu par la « criminalité organisée ».

Christinia est à la joûte de la branche Danoise de bikers renommés, les Hells Angels : « Tant qu’ils n’auront pas mis les Hell’s Angels dehors, je n’investirai pas! » explique à l’AFP, Torben Vemmelund, un conseiller en communication de 37 ans.

Pourtant, la communauté subit cette criminalité et ne touche aucun argent de la drogue. Mais pour Kjeld Amundsen, un artiste de 72 ans, les habitants sont complices en laissant les trafiquants louer des habitations dans le squat . La « ville libre »  » a perdu la sympathie des Danois » car elle est devenue « le plus grand foyer de criminalité du Danemark », pense-t-il.

D’autres voient les choses autrement : « C’est super d’avoir un lieu qui ne soit pas nécessairement réglementé et où cohabitent des gens de toutes sortes! ».

Environ 50.000 personnes ont pour l’instant donné de l’argent. Mais en mars, la collecte ne s’élevait qu’à près de 7 millions de couronnes (900.000 euros).

En attendant avec aussi peu d’argent, la communauté est loin du compte, mais les plus optimistes pensent que les dons augmenteront avec les retour du printemps et du beau temps donc aussi des touristes.

 Christiania: la fin dune ville libre

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