En Espagne une nouvelle forme de coffee shop voit le jour. A l’heure où les Pays-Bas veulent interdire l’accès des ces établissements aux touristes, l’Espagne ouvre une dizaine de « clubs sociaux » consacrés au cannabis. Les militants pro cannabique en rêvaient, ils l’ont fait.
Le coffee shop solidaire
Appelé Cannabis Club (semblable à ceux que l’on peut trouver en Californie), le lieu ressemble étrangement à un restaurant espagnol traditionnel.Pourtant dans ce cadre pittoresque limitrophe de Madrid, flotte une odeur de chanvre. Ici, ce que vient chercher le consommateur, c’est d’abord une herbe de qualité. La plupart d’entre eux, comme l’explique un des patrons de ces club » en n’ont marre d’aller dans des lieux malfamés et de trainer avec des gens louches » pour s‘approvisionner. Pour avoir accès à ces centres il faut payer une dizaine d’euros l’inscription puis 120 euros par an. Les membres ont ensuite accès aux 900 mètres dédiés à la « fumette » et peuvent acheter du cannabis de « qualité » entre 6 et 7 euros le gramme. Le concept qui fait la différence pour ces espagnols, c’est que ce lieu n’est pas exclusivement réservé à la consommation mais se présente sous forme d’associations a but non lucratif ou de coopératives de petits producteurs. C’est un « lieu de rencontre » pour les consommateurs, qui peuvent s’informer à l’occasion « d’ateliers » et de « dégustations ». Beaucoup d’entre eux comparent la plante au vin : « ce n’est pas seulement de l’alcool, il y a aussi toute une culture sociale derrière. »
Un concept qui plait
Bien sûr le concept va attirer beaucoup de français qui habitent à la frontière, ou même pour des voyages de touristes tétrahydrocannabinés (l’accès au coffee shops hollandais frontaliers est désormais interdit aux français). Aujourd’hui, la Fédération des associations cannabiques (FAC) estime qu’il existe plus de 50 clubs sociaux de cannabis en Espagne, et plus de 150 en créations… Leurs clients ? La moitié sont des consommateurs dit « thérapeutiques » qui viennent soulager leur douleurs (sujets aux migraines, rhumatismes, glaucomes ou pour les malades de cancers en fin de traitement), souvent sur les conseil de médecins, qui n’ont pas forcement le droit de leur prescrire pareil traitement. Les clubs, en plus des consommateurs malades, accueillent une clientèle « ludique » et des réguliers.En tant que fumeur eux-mêmes, les propriétaires de ces clubs se disent « les mieux placés pour gérer tout ça ».
L’Espagne va t-elle devenir le nouvel eldorado des fumeurs de Marie-Jeanne ?
Pas si sur, il existe un degré « d’insécurité juridique », certains propriétaires risquent la prison, même si la consommation personnelle est dépénalisée en Espagne, elle est strictement interdite en public.
Pour ouvrir un de ces clubs, il faut respecter des critères très précis repris par tous les propriétaire : ne pas tirer de bénéfices économiques de cette activité, se déclarer en tant qu’association à but non lucratif et organiser ses propres cultures en circuit fermé, ne distribuer le cannabis qu’a des usagers majeurs déjà consommateurs de cannabis (difficile à vérifier) ou atteints d’une maladie. C’est d’après ces critères qu’on les surnomment les « clubs sociaux de cannabis » ou les « coffee shop solidaires ». « Il s’agit d’une interprétation et un juge peut toujours estimé que cela constitue un délit » explique Juan Munoz, professeur de droit pénal à l’université de Malaga.
En route vers une légalisation totale ?
Pas pour tout de suite : les militants veulent que l’Etat régule la culture, la vente et la consommation. « Il vaut mieux organiser qu’interdire » justifie un responsable socialiste du gouvernement basque. Cependant dans une Espagne enfoncée dans une crise sans précédent, l’attention des responsables politiques et de la société se centre sur l‘économie. De plus, la majorité absolue obtenue par la droite (parité populaire) en novembre dernier, ne devrait pas contribuer à l’assouplissement de ces barrières légales.
Par Vincent Bonhomme





