Menace de la police grecque, démission de plusieurs membres du gouvernement, la contestation gagne tous les appareils de l’État grec.

« Policiers, porcs, assassins ». Ce slogan est régulièrement repris pendant les manifestations en Grèce. On entend plus rarement les manifestants réclamer le ralliement de la police (pourtant essentiel) à leur lutte pour une survie sociale face au tsunami libéral qui privatise le pays jusqu’à ses monuments historiques millénaires… Dans une lettre, transmise à Reuters vendredi 10 février, la Fédération de la police grecque se joint pourtant à la colère des manifestants, essorés par les plans d’austérité à répétition et à qui les créanciers internationaux réclament toujours plus d’efforts. Chefs d’accusation : « chantage [et] tentatives d’abolir la démocratie et la souveraineté nationale ».
« Comme vous poursuivez cette politique destructrice, nous vous prévenons que vous ne pouvez nous contraindre à nous battre contre nos frères. Nous refusons de nous élever face à nos parents, nos frères, nos enfants ou tout citoyen manifestant ou exigeant un changement de politique », souligne le syndicat, qui représente plus de deux tiers des effectifs policiers de la Grèce.
Cette lettre précise que l’une des personnalités visées est Poul Thomsen, le principal représentant du FMI en Grèce. La missive a aussi été adressée à Klaus Masuch, chef de la délégation de la Banque centrale européenne (BCE), et à Servaas Deroos, ancien inspecteur en chef de la Commission européenne en Grèce.
Un soutien symbolique mais synonyme de changement
Cette menace est essentiellement symbolique puisqu’un mandat d’arrêt doit d’abord être émis par un juge. Il n’empêche, elle traduit l’exaspération et la colère d’une partie toujours plus importante de la population. A qui de nouveaux efforts vont être réclamés.
Mais ce soutien hautement symbolique marque le malaise profond en Grèce. Personne n’est épargné, salariés, fonctionnaires, professions libérales, artisans, tout le peuple Grec est touché. Si la police abandonne la rue, la justice populaire sera très vite à la porte des ploutocrates grecs qui ont saigné à blanc leur pays.
Au gouvernement, les défections se multiplient : en fin d’après midi, deux ministres socialistes et trois d’extrême-droite avaient présenté leur démission. Le Premier ministre, Lucas Papadémos apparaît déjà affaiblit dans l’opinion publique et la classe politique grecque, quelques semaines seulement après sa prise de fonction. La zone Euro pousse la classe dirigeante grecque à sacrifier son peuple pour sauver un système économique qui sera révoqué dans les mois à venir.
Une spirale infernale
La purge est sans fin en Grèce, une réduction de 22% du salaire minimum dans le cadre d’une déréglementation générale du marché du travail avec une baisse allant jusqu’à 35% pour les jeunes de moins de 25 ans, la suppression dans l’année de 15.000 emplois publics et des coupes sur certaines pensions de retraite, ainsi que la mise « en réserve » de dizaines de milliers de fonctionnaires qui seront forcé de démissionner d’ici un ou deux ans. La liste des sanctions sociales mises en place par le gouvernement de Lucas Papadémos est quasi incommensurable.
La zone euro a de toute façon donné moins d’une semaine à la Grèce pour réunir la bagatelle de 325 millions d’euros d’économies supplémentaires. Faute de quoi, l’aide vitale de 130 milliards d’euros ne sera pas versée. C’est un véritable chantage à la faillite.
La fin de l’Etat régalien en Grèce ?
Il est acté aujourd’hui que la situation en Grèce est définitivement insolvable car les bases même de l’Etat se fissurent, les hommes politiques, la police, l’administration publique qui sera privatisée totalement d’ici quelques années. Comment un pouvoir peut il être légitime si ses fonctions régaliennes ne sont plus assurées… A quand l’armée grecque dans les rues d’Athènes pour réprimer un peuple qui se révolte de droit ? N’oublions pas que la « dictature des colonels » n’est pas si loin et la force a déjà été utilisée pour annihiler les revendications du peuple grec empreint d’un combat social qui doit être une source d’inspiration pour bien des peuples en Europe.
La Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen énonce en son article 35 : « Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs ».
Par Arthur Beaufils





