« Action », « tir de roquettes », « frappes chirurgicales », « raid », « opérations militaires », « offensive » ce sont les termes employés pour ne pas dire le mot interdit. Guerre. Gaza est en état de siège et l’armée israélienne se prépare au combat.
Israël a mis une place l’opération « Pilier de Défense » le 14 novembre. Une attaque sur le territoire palestinien de Gaza qui a commencé avec le tir de missile qui a tué le chef militaire du Hamas, Ahmad Jaabari. En représailles, les tirs de roquettes du Hamas se sont intensifiés. Depuis jeudi, l’escalade de la violence paraît sans fin.
Peu de gens ont encore en mémoire la dernière opération de Tsahal contre Gaza. « Plomb durci » s’est déroulé de fin 2008 au 21 janvier 2009. Cette véritable invasion de la bande de Gaza avait fait plus de 1300 morts palestiniens et dix soldats israéliens étaient tombés « au champ d’honneur ». L’aviation israélienne avait notamment largué des bombes au phosphore blanc durant ce conflit armé. Ces munitions incendiaires sont en théorie interdites dénonçait à l’époque l’organisation humanitaire Human Rights Watch. On peut redouter de nouveaux raids de ce type, aussi meurtriers sont-ils pour les populations civiles.
Première phase terminée
« L’aviation a mené l’essentiel des missions et nous avons enregistré des succès significatifs. L’armée est désormais prête à élargir l’opération », a déclaré le ministre des Affaires stratégiques Moshé Yaalon. Cette première phase s’est terminée après le bombardement de plus de 500 cibles. Les infrastructures du Hamas et les pas de tirs des roquettes de sa branche militaire ont été visés, dans une zone avec une telle densité de population, de nombreux civils font partie des anonymes dommages collatéraux.
L’AFP rapportait aujourd’hui que des centaines de chars Merkava se sont déployés le long de la frontière. Le ministre de la Défense Ehud Barak a ensuite autorisé la mobilisation de réservistes supplémentaires. Certains chiffres parlent maintenant de 75 000 hommes sur le pied de guerre.
Derrière les réseaux sociaux, des obus tombent
Les réseaux sociaux sont-ils une arme de propagande massive cautionnée par le monde entier ? Après leurs rôles très contestés dans le « printemps de jasmin » et le ralliement des « libérateurs » de la Lybie, une nouvelle étape a été franchie cette semaine. Pour la première fois de l’histoire de l’humanité, qui peut se définir comme une incroyable épopée martiale à travers les siècles et les continents, une guerre a été déclarée via les réseaux sociaux.
Un gazouillis -tweet en français- daté du 14 novembre à 15h29 (heure de Paris) a annoncé que “L’armée de défense d’Israël a débuté une large campagne contre les sites et les leaders terroristes dans la bande de Gaza, et plus particulièrement du Hamas et du Jihad islamique”. Tsahal utilise Twitter pour sa communication propagandiste. Des dizaines de messages ont depuis été diffusés, allant de la menace théologique à la joute verbale verbeuse avec le Hamas. La guerre au sol s’appuie désormais sur la guerre 2.0.
Interrogé par le Jerusalem Post, le major Avital Leibovich, responsable de la presse étrangère au sein de l’armée israélienne, admet que « la blogosphère et les nouveaux médias sont une autre zone de guerre ».
Pourquoi cette énième guerre israélo-palestienne ?
La principale raison officielle : les tirs de roquettes du Hamas. Après le début de l’opération « Piliers de défense », ces derniers ont rarement été aussi intensifs, mais leurs effets sont toujours aussi limités. Le fameux « Dôme de fer » a été mis en place par l’aviation israélienne et peu d’entre eux atteindront leurs cibles.
Il faut aussi tenir compte du calendrier du gouvernement israélien conservateur. Selon Jean-Pierre Filiu, professeur à Science Po Paris, les élections législatives israéliennes de janvier 2013 sont un des éléments majeurs de ce nouveaux conflit, « Benyamin Netanyahu estime qu’il est attendu par son électorat et donc il doit frapper un grand coup contre le Hamas. ». L’auteur de Histoire de Gaza ajoute que « l’offensive de décembre 2008 avait également été déclenchée dans un contexte électoral. »
D’autres spécialistes estiment qu’il s’agit d’une vaste opération pour ébranler l’autorité palestinienne à la veille d’un vote crucial à l’Assemblée générale des Nations Unies. La Palestine va demander à être reconnue comme un véritable Etat au sein de l’ONU. Ce qui provoque la colère de l’appareil dirigeant israélien qui s’exposerait à de lourdes sanctions dans son approche du dossier palestinien.
Une autre hypothèse, celle du rassemblement contre l’ennemi commun. Par rapport au début de années 90, Israël enregistre une baisse de 85% du nombre de nouveaux immigrants permanent. L’Histoire peut en témoigner, fédérer un peuple grâce à la haine envers un autre est une technique redoutablement efficace.
Vers l’Himalaya de la violence
Ghazi Hamad, vice-ministre des Affaires étrangères du Hamas, a affirmé que le Hamas va poursuivre la lutte armée pour contrer les forces de colonisation israéliennes, « la force de frappe du Hamas est intacte » a-t’il clamé. Gideon Levy, journaliste israélien avait publié les témoignages de soldats de retour d’incursions dans la Bande de Gaza : « D’après leurs descriptions, il y aurait à Gaza une armée de défense de la Palestine. A la place d’une multitude de gangs armés, se constitue là-bas une armée organisée, prête à défendre sa terre ». Les combats risquent donc d’être très violent et les premières victimes seront les civils palestiniens.
D’autant que Benyamin Netanyahu a rarement tenu des propos aussi martiaux, « Israël prendra toute action nécessaire pour se défendre » et il a assuré que « les troupes israéliennes traverseront la frontière » si le Hamas ne se plie pas aux conditions de Tel-Aviv.
La disproportion des forces engagées devrait faire s’élever des voix dans l’opinion internationale. De plus, l’attitude guerrière de Israël peut être interprétée comme une nouvelle provocation à l’encontre de l’Iran, ennemi « suprême » de l’état hébreu selon son premier ministre. Le général Ahmad Vahidi, ministre de la défense iranien a déclaré que « seuls les représailles de la part du monde musulman peuvent mettre un terme aux crimes du régime sioniste » en référence à la nouvelle opération menée contre Gaza. Une guerre israël-iran serait bien plus redoutable pour l’équilibre géopolitique mondial.
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