Un film de Fernand Melgar. Mention Spéciale Jury des Jeunes Festival de Locarno 2014. Prix de la Mise en Scène Festival d’Amiens 2014.

L'Abri de Fernand Melgar

Le pitch

Un hiver au cœur d’un hébergement d’urgence pour sans-abris à Lausanne. A la porte de ce souterrain méconnu se déroule chaque soir le même rituel d’entrée qui donne lieu à des bousculades parfois violentes. Le personnel a la lourde tâche de « trier les pauvres » : femmes et enfants d’abord, hommes ensuite – de tous horizons, et de plus en plus d’Europe… Alors que la capacité totale de l’abri est de 100 places, seuls 50 « élus » seront admis à l’intérieur et auront droit à un repas chaud et à un lit. Les autres savent que la nuit va être longue.

L’avis

L’Union Européenne compte 4,1 millions de sans-abri et 11 millions de logements sont vacants. Il n’y a aucun commentaire à faire face à cette réalité. Dans ce film, à une plus petite échelle, avec un œil de vrai réalisateur Fernand Melgar a filmé à travers ce lieu toute la détresse humaine. Il a suivi quelques personnes en situation de précarité qui essayent de garder une dignité ; ce sont des migrants économiques venu d’Europe fuyant la crise et qui cherchent du travail, un logement et de quoi survivre. « Chaque nuit au mépris de la plus élémentaire dignité humaine, des dizaines d’hommes, de femmes et d’enfants sont contraints de dormir à la rue dans ma ville. Il m’est apparu urgent que cette extrême précarité puisse faire l’objet d’un film. » s’exprime Fernand Melgar. Ce moment de tri devant l’Abri est terrible et pour les migrants et pour les responsables. Le choix est un vrai dilemme. « Quand il fait -10° dehors et qu’une personne te supplie de laisser rentrer son frère, son mari alors que l’Abri est à moitié vide, va lui expliquer que c’est la politique de la ville. » dit un des responsables. Les personnes qu’a suivies Melgar au cours du tournage, sur de longues semaines, vont petit à petit sombrer dans une misère totale malgré tous les espoirs qu’ils ont au début du film. Et là nous ne sommes pas dans une fiction, nous sommes en face de la réalité. Fernand Melgar né en 1961, est fils d’émigrés espagnols. Depuis 1985 il réalise des documentaires sur les questions d’immigration, d’identité qui ont reçu de nombreux prix internationaux. Ce film est effroyablement passionnant par le sujet qu’il traite et la manière dont il est réalisé. A travers ces quelques personnes filmées, c’est des millions qui parlent de leur souffrance. On est loin des reportages de la télévision, on est au cœur même du processus d’exclusion, de xénophobie. Fernand Melgar avec sa caméra et son objectivité, sans pathos, lève le voile sur cette vie d’exclus que mènent ces millions de sans-abris.

A propos de l'auteur

Réalisateur, journaliste

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