José Bové, le député européen de EELV, pense que le bannissement des attelages en Roumanie serait responsable de l’abattage des chevaux et de la chute du cours de leur viande. Info ou intox ?
En février, la Food Standards Agency, l’autorité de contrôle des produits alimentaires du Royaume-Uni, a découvert que les lasagnes au boeuf de la marque Findus pouvait contenir 100 % de viande de cheval. Lasagnes. Ce mot n’avait probablement jamais été prononcé dans un journal télévisé avant la semaine dernière. Depuis, c’est simple, impossible de passer à côté du « Lasagne Gate » qui secoue les estomacs européens.
Des produits cuisinés surgelés contenant de la viande de cheval à la place de viande de bœuf et c’est le commerce agro-alimentaire déréglé par Bruxelles qui est stigmatisé. Le responsable de la fraude à grande échelle sera très difficile à retrouver puisque la viande a transité et a été négocié à travers toute l’Europe, de la Roumanie à l’Irlande en passant par Chypre.
José Bové incrimine le code la route roumain
Si pour certains, des relents mafieux se dégagent de cette affaire, José Bové a une explication plus simple et relativement rationnelle. Le député vert a pris position dans le « Lasagne Gate », il a mentionné « une loi, en 2008,qui a interdit aux attelages de circuler sur les routes nationales. Ils étaient considérés comme responsables de 10 % des accidents de la route dans le pays. Mais il reste des routes secondaires, sur lesquelles les charrettes peuvent circuler ». Il est quand même peu probable que tous les paysans roumains ont revendu leurs chevaux pour inonder l’Europe de viande bon marché. Rien qu’en Irlande, c’est plus de 10 millions d’hamburger contenant environ 40% de viande de cheval qui ont été jetés sans compter les dizaines de milliers lots de moussaka, hachis et autre cannelloni qui sont passés à la benne.
Cette loi a pu jouer un petit rôle dans l’augmentation de l’offre de viande de cheval en Roumanie par rapport à une demande de plus en faible en Europe, c’est la motorisation de l’agriculture traditionnelle en Roumanie qui a fait chuter le parc hippique roumain. L’organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture dénombrait 834.000 chevaux dans le pays, en 2006. Ils n’étaient plus que 610.000 en 2011. Entre 2010 et 2011, c’est plus de 154.000 chevaux qui ont disparu selon Pit Schlecher, président de la Fédération européenne du cheval de trait.
France/Roumanie, pas de guerre des prix
Il est difficile de soutenir la théorie du député européen à cause des prix de la viande chevaline en France et en Roumanie. Le cours de la viande de cheval roumaine était en moyenne de 2,04 euros le kilo en 2010, 2,13 en 2011 et 2,2 en 2012, selon l’ambassade de France en Roumanie. La cotation de la viande de cheval française était, à la fin 2012, de 2,64 euro le kilo, pour les meilleurs spécimens et de 1,58 euro pour les moins onéreux selon France Agrimer. Depuis la fin janvier, les prix vont de 2,29 euros à 2,44 euros. Un écart de prix insignifiant au regard des prix de transport de la viande importée de Roumanie.Tweet
La presse s’emballe trop vite à nommer certains coupables. Il s’agit d’un véritable scandale dans l’Agro-Alimentaire. Il est grand temps que l’UE prenne les mesures adéquates pour que les produits alimentaires manufacturés soient mieux étiquettés. La France doit absolument promouvoir LE MADE IN FRANCE LOCAL pour rassurer le consommateur. Mon boucher va être content : la viande qu’il vend bénéficie d’une traçabilité draconienne, et en fin de compte, ce n’est pas plus cher … que ces plats cuisinés « bidouillés ». Revenons à nos batteries de cuisine et congelons nos plats préparés par nos bons soins avec de vrais bons produits !