Les Touaregs du MNLA veulent reprendre le combat face aux djihadistes

Arthur Beaufils 21/01/2013 0

Le conflit au Mali trouve ses origines et aussi une partie de sa résolution chez les rebelles Touareg. Le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) a affirmé dimanche 20 janvier sa volonté de reprendre les armes contre les groupes islamistes dans le nord du Mali.

sahel guerre Les Touaregs du MNLA veulent reprendre le combat face aux djihadistes

Depuis 1958, les Touareg revendiquent un territoire pour se protéger des frontières qui se sont érigés à travers le désert de ce peuple nomade, le Sahara. Début janvier 2012, les rebelles Touaregs ont profité des dissensions au sein du gouvernement malien pour lancer une offensive majeure au Nord du pays. La chute de Kadhafi avait déversé des milliers d’armes entre les mains des Touaregs et des groupes islamistes à l’instar d’Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), le Mujao, scission d’AQMI et la katiba Ansar-Eddine. Lorsque le MLNA a repris le contrôle de Tombouctou et Goa après le coup d’Etat militaire sur Bamako, les djihadistes ont attaqué les Touaregs du MLNA alors que les combattants avaient été éprouvé par les combats. Ces derniers ont battu en retraite, principalement en Mauritanie.

Le Sahel est un espace stratégique pour le terrorisme international. Ce dernier a besoin d’un nouveau territoire pour se développer depuis la perte de l’Afghanistan. Le « Sahelistan », « terre d’Islam », à défendre contre l’Occident, ce qui est propice au recrutement, pour ensuite y installer des camps d’entrainement. A deux heures d’avion des capitales européennes, un tel bastion représentait un danger. Sans compter les intérêts des groupes industriels dans une région riche en ressources naturelles.

Protéger les civils des soldats maliens

Ibrahim Ag Mohamed Assaleh, porte-parole du MNLA, s’est engagé à rassembler ses troupes pour soutenir les soldats de Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao). « Les habitants de l’Azawad, pour qui nous combattons, sont les premières victimes de ce terrorisme et nous avons peur qu’ils deviennent aussi des victimes de l’opération militaire, en particulier l’armée malienne » a-t’il déclaré. Les troupes régulières de Bamako sont responsables de nombreuses exactions, sur fond de rivalités tribales, à l’encontre les populations civiles. Des pillages, meurtres et viols qui ont été perpétrés pendant la retraite/débâcle vers le sud, en avril 2012.

De nombreux observateurs s’étonnaient du silence du MLNA alors que « la reconquête » du nord mali a commencé sous l’impulsion de l’armée française. LE 15 janvier, le ministre des affaires étrangères malien Tieman Coulibaly déclarait devant l’Assemblée nationale que « d’un point de vue militaire, je pense que le MNLA n’existe plus. Selon nos informations, les derniers combattants se sont dirigés vers la Mauritanie, ont rendu les armes et les véhicules et ont demandé refuge en Mauritanie ». Le Mali entretient de relations ultra-tendues avec les Touaregs qui sont en guerre depuis 1958 pour l’Awazad. Une bataille ne décide pas du sort d’une guerre de « survie » pour les nomades Touaregs.

Soutien au sol de l’armée française

Le MLNA compte dans ses rangs des soldats aguerris, avec une culture de la guerre et du désert. Un atout non-négligeable tandis que la France mène seule les opérations au sol au côté d’une armée malienne désorganisée et obsolète. Le MNLA assure que ses hommes peuvent se charger du « travail au sol » et laissent à la France la responsabilité des frappes aériennes et du soutien logistique.

Déjà en avril, après l’annonce de l’indépendance de l’Awazad, le MNLA s’était dit prêt à combattre AQMI. « Nous tendons la main aux pays concernés par cette menace terroriste pour leur demander d’établir, avec le MNLA, un partenariat dans la lutte contre le terrorisme » avait rapporté le porte-parole du mouvement à Paris.

Les dirigeants du Mouvement national pour la libération de l’Azawad sont conscients que la lutte contre le terrorisme au Mali ne s’arrête pas à l’action militaire. Le Mali est un pays au bord du chaos depuis des années et quelques soit l’engagement des troupes françaises, c’est l’inexistence d’un état malien qui pose problème, « le terrorisme a profité de l’inaction de l’Etat malien et de l’absence d’espoir du peuple du Nord, maltraité ou abandonné par le pouvoir pendant des décennies. Il faut engager désormais une vraie action » analysait Mossa Ag Attaher.

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