L’Espagne remporte l’Euro : Une logique implacable

Hicham Barrouk 03/07/2012 0

Championne d’Europe pour la troisième fois de son histoire, La Roja a écrasé l’Italie en finale de l’Euro 2012. Une victoire qui ne souffre d’aucune contestation et qui vient récompenser une philosophie de jeu qui, malgré les critiques, s’impose comme LA référence.

Dire que l’Espagne était attendue au tournant au début de cet Euro est un doux euphémisme. Favorite à sa propre succession après son sacre européen de 2008 et sa victoire au Mondial 2010, l’Espagne avait rendez-vous avec l’Histoire. Un illustre triplé, voilà le challenge qui était proposé à une équipe ou plutôt à un solide groupe qui ne cesse d’impressionner depuis ces quatre dernières années. A l’image du F.C. Barcelone, le jeu espagnol intrigue, irrite, passionne et force le respect en même temps. L’absence de David Villa et de Carles Puyol, deux éléments majeurs de l’effectif et présents lors de la Coupe du Monde 2010, pouvait laisser planer un doute, remettant en cause l’équilibre et la réussite d’une équipe qui devait alors se surpasser pour réitérer un nouvel exploit.

La force du milieu

Force est de constater que les premiers doutes n’ont pas mis longtemps à émerger tant le choix de Vicente del Bosque de jouer sans attaquant de pointe a surpris. Dans ce système en 4-6-0, où Fabregas est chargé de « remplacer » le-dit numéro 9, La Roja ne fait que s’appuyer sur sa principale force : la maîtrise collective. Pour protéger un Xavi que certains disaient sur le déclin, Vicente del Bosque n’a pas hésité à sacrifier un attaquant pour redonner au métronome ibérique sa baguette de chef d’orchestre. Et ce, dans un schéma de jeu où Xabi Alonso et Busquets lui servent de gardes du corps. Idée folle ou non, le début de l’Euro ne tarda pas à donner raison au tacticien espagnol qui, avec ce sacre européen, vient de cocher la dernière case manquante à son palmarès. L’ancien entraîneur du Real Madrid devient en effet le premier coach de l’histoire à remporter le fameux triptyque (Coupe du monde, Euro, Ligue des champions).

Des chiffres historiques, l’Espagne en a fait sa spécialité. Avec un but encaissé et douze plantés, la formation de Del Bosque est évidemment la meilleure attaque et défense du tournoi. Autre exemple, Casillas a remporté sa 100eme victoire sous le maillot rouge et jaune face à l’Italie. Le tout en 137 capes. Qui a parlé de Ballon d’or ?? En tout et pour tout, le nombre de trophées remportés par les 23 joueurs de la sélection espagnole s’élève à 233 ! Xavi et Iniesta squattent le haut de l’affiche, avec 24 titres chacun. A 23 ans, Sergio Busquets peut déjà partir à la retraite. Avec cet Euro en poche, le catalan a tout simplement tout gagné en club comme en sélection…

Des idées, un principe

Face à la France, tout comme face au Portugal et à l’Irlande dans une autre mesure, La Roja a donné le sentiment de se contenter d’en garder sous le pied. Une hérésie lorsque l’on sait que Shay Given est allé chercher quatre fois le cuir dans ses filets. Alors pourquoi toutes ces critiques sur ce soi-disant ennui espagnol ? La raison se trouve peut-être dans cette capacité qu’a l’Espagne - et ce encore plus qu’avant – d’imposer sa force collective et sa philosophie aux autres équipes. Des idées et des principes qui font que La Seleccion exclut tout facteur aléatoire de ses matchs. Le hasard n’existe pas pour Iniesta & co. Si l’on ajoute cette science technico-tactique qui hypnotise et use l’adversaire au fil des minutes, on obtient une équipe sûre de sa force en toutes circonstances.

Avec un Torres en manque de temps de jeu mais qui termine tout de même meilleur buteur de l’Euro (3 buts) et passeur décisif en finale et la révélation Jordi Alba, l’Espagne n’a jamais paru aussi sûr de son fait. La victoire face à l’Italie n’est autre que la simple résultante d’une équation que la sélection ibérique a su résoudre à merveille. Face aux inconnues du début de la compétition et à l’adversité, La Seleccion n’a jamais renié ses principes. Lorsque un Cesare Prandelli décide de ne pas reconduire son 3-5-2 en finale, pourtant efficace lors du premier match face aux Espagnols (1-1), La Roja ne s’adapte pas, elle impose… et les autres équipes disposent. Une logique implacable qui permet une nouvelle fois à l’Espagne de monter sur le toit de l’Europe en dominant ses sujets, qui deviennent dès lors simples spectateurs d’une maîtrise totale.

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