Le dimanche 28 octobre, Jean-Louis Borloo a lancé son nouveau parti de centre droit, l’UDI, Union des Démocrates Indépendants. L’ancien ministre souhaite en faire « le premier parti de France », tâche ardue compte tenu du mince électorat centriste et du peu de visibilité des propositions de ce tout jeune mouvement. Relancer le centre est-il encore possible ?
L’UDI occupe désormais la place laissée par l’ex-UDF, au centre-droit, et doit s’attendre dès lors à se confronter à son plus proche compétiteur, le MODEM de François Bayrou, qui n’a pas su conserver cet espace et a du de facto s’orienter plus à gauche. Pour cela, Jean-Louis Borloo mise sur une coalition avec l’UMP tout en souhaitant conserver son indépendance. Indépendance vis-à-vis du centre surtout, en effet le leader de l’UDI ne souhaite pas saisir la main que lui tend Bayrou, car il veut désormais garantir une ligne claire avec la droite. A première vue, c’est un positionnement ambigu.
« L’UDF du XXIe siècle »
Pas tant que ça, il s’agit pour l’UDI de reprendre une position classique délaissée en France et combler ainsi le besoin d’un regroupement des centristes de droite. Un rôle pas si inutile. Depuis que l’UMP s’est scindée en deux pendant ses élections internes, l’électorat modéré ne se reconnait plus dans les débats sécuritaires et identitaires orchestrés par l’un de ses candidats, Jean-François Copé. Il faut aussi noter à droite l’éloignement par rapport au Front National, de trop grosses divergences naissent entre leurs propositions en ce qui concerne l’Union Européenne et les questions économiques.
A l’avenir, notamment lors des élections présidentielles, l’UMP est certain de ne pas pouvoir compter sur Marine Le Pen pour appeler à voter pour son candidat. C’est, entre autre, ce qui a fait défaut au président sortant Nicolas Sarkozy en mai 2012. Marine Le Pen avait appelé à voter blanc ou s’abstenir. L’UDI offre donc à l’UMP la possibilité de puiser dans une source d’électeurs indécis ou bien parmi l’électorat de François Bayrou. Un nouvel apport mince mais loin d’être négligeable pour l’UMP qui peine à remporter des élections depuis 2007.
Coalition ou bien soumission ?
Le centre dans la vie politique française ne peut exister qu’à condition de passer des accords électoraux avec l’un des deux grands partis que sont l’UMP et le PS. Les partis du centre rencontrent en effet un problème de taille, le scrutin uninominal majoritaire à deux tours envisagé par la Ve république ne permet pas la naissance d’une troisième force politique au parlement. Pour s’assurer une place dans l’hémicycle, le centre doit automatiquement former des alliances pour assurer l’élection de ses représentants dans les régions. Le partage de l’Assemblée en deux, ne laisse que peu de place pour un centre.
La meilleure preuve s’il en faut est François Bayrou, qui a essayé de se couper de ses soutiens à droite en ne passant plus d’accord avec elle. C’est une erreur fatale pour le MODEM qui n’a plus qu’un député à l’Assemblée bien qu’il ait réalisé le score respectable de 9% aux dernières élections présidentielles.
Un espace de réflexion trop insuffisant
Le centre a donc un mince avenir en France, l’enjeu étant de trouver une ligne politique originale, ce qui est extrêmement difficile compte tenu du peu de différence qu’il existe aujourd’hui entre le Parti Socialiste et l’UMP, qui s’accordent sur l’essentiel : l’Union Européenne, leur politique économique ultralibérale, l’alignement des affaires étrangères sur les Etats-Unis et l’OTAN.
L’espace de réflexion et surtout de débat semble donc insuffisant. Dès lors, la vraie question devient la suivante : quel place reste-t-il vraiment au centre ? Un nouveau parti sur la ligne médiane entre l’UMP et le PS peut-il créer l’alternative et permettre à la France de jouer de nouvelles cartes dans les défis qu’elle rencontre ? Si cela semble impossible pour le MODEM qui n’a pas pu s’imposer en acteur incontournable de la vie politique, cela ne semble pas plus gagné pour l’UDI qui a finalement pour seule et unique ambition de devenir l’aile gauche d’une future majorité de droite.
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