La République Orientale de l’Uruguay va franchir un cap dans la légalisation des drogues par les états. Le gouvernement de gauche veut instaurer un monopole étatique sur la production et la vente de marijuana. Une première mondiale.
Le Christian Science Monitor rapporte que le gouvernement uruguayen veut mettre en place ce système pour faire disparaître le trafic illégal. Ce nouveau régime se justifiera par une baisse de la criminalité dans un pays, où, à l’instar du Mexique, l’armée suppléait la police dans certaines villes. D’autre part, un contrôle sanitaire sera mis en place pour réduire les risques des consommateurs.
La coalition de gauche qui dirige l’Uruguay veut envoyer un signal fort à Washington. La Maison-Blanche organise des opérations quasi-militaires avec la DEA dans des pays souverains d’Amérique latine, au nom de la lutte anti-drogue. Cette politique impérialiste est en train d’évoluer, tout comme les gouvernements sud américains qui se rebellent. « L’Amérique latine a été fidèle pendant 30 ans aux politiques dictées par Washington, or certains pays commencent à les changer », a déclaré en 2010 Ricardo Soberon, directeur du Centre d’Etudes péruvien « Drogue et Droits de l’Homme ».
Une assouplissement continental
En 2009, la Bolivie a inscrit l’usage de la feuille de coca dans sa Constitution. L’Argentine a dépénalisé la possession de petites quantités de marijuana à des fins personnelles, le Mexique l’a fait pour diverses drogues à condition de suivre un traitement médical. Quant à l’Equateur, en 2008, il a amnistié 2.000 trafiquants non récidivistes. Toutes ces actions reflètent une volonté de s’émanciper des Etats-Unis, dont la politique envers l’Amérique du Sud est très critiquée.
« L’Uruguay va ouvrir une nouvelle voie (…) et nous espérons qu’elle deviendra une norme internationale », a annoncé le président de la commission parlementaire chargé du dossier, Sebastian Sabini. « La guerre de la drogue a échoué. Il y a toujours plus de consommateurs, et toujours plus de violences » a t’il ajouté, toujours en marge de la présentation du projet de loi. Un débat de 6 mois est ouvert au Parlement avant un vote au Congrès qui s’annonce positif puisque le gouvernement a la majorité dans les deux chambres.
Trafic international et violence locale
Avec cette démarche audacieuse et inédite, l’Uruguay sera attentivement observé par ses voisins. Ce genre de législation est un espoir de contenir la violence qui gangrène ce continent au si fort potentiel. En effet, si la consommation « locale » augmente, c’est l’exportation de ces drogues et les enjeux mercantiles que représentent ces dernières qui provoque tant de violence. Le président du Guatemala, Otto Perez, a récemment déclaré en avril, que la dépénalisation des drogues comme une « alternative » pour lutter contre la criminalité qui connaît une escalade fulgurante en Amérique Latine.








