Culture

Motörhead : Lemmy ou l’immortelle mécanique

Vincent Bonhomme 22/10/2013 0
21 albums, 38 ans de carrière et des problèmes cardiaques, Lemmy Kilmister est immortel. La preuve: le leader de Motörhead vient de dévoiler « Aftershock », le dernier album du groupe, malgré ses troubles du palpitant.

tumblr mnofak8z1K1rmrhwoo3 1280 1024x640 Motörhead : Lemmy ou limmortelle mécanique

Á presque 70 ans, les membres du trio métalleux se sont retrouvés aux studios de NRG à North Hollywood, en janvier dernier pour l’enregistrement, à deux pas de la maison de Monsieur Kilmister. Les premiers extraits de ce nouvel LP baptisé « Aftershock » sont déjà disponibles sur la toile depuis la semaine dernière, pour le plus grand « boner » des fans, alors qu’il y a quelques mois, le groupe avait décidé de repousser la sortie de ce 21ème disque en raison de l’état de santé du leader, Lemmy.

Mais voilà. L’album est quand même sorti (presque) dans les temps. Il est d’ailleurs plutôt varié. Si le trio a conservé la recette originelle de leur succès, c’est à dire le côté Punk et Rock’n’Roll sur des titres comme « Heatbreaker » , il nous livre quand même quelques surprises. Notamment, de bonnes vieilles balades « bluesy », que l’on retrouve sur les morceaux « Dust and Glass » ou encore « Lost Woman Blues ».

Iron « First »

Qu’on aime ou non le hard-rock, Lemmy est une légende vivante. Plus que parolier et chanteur de Motörhead, Lemmy, c’est une voix éraillée par les excès, un physique imposant (1,93 m) et un charisme hors-norme. Plus qu’un être-humain, Lemmy, c’est une attitude.

Fils de prêtre de la Royal Air Force, Lemmy est né à Burslem, en Angleterre. Vers 16 ans, il découvre les Beatles et commence à s’intéresser au rock, probablement l’un des seuls moyens qu’il trouve pour fuir une famille (recomposée) qu’il ne supporte plus. Déjà à cette époque, Lemmy sombre dans une forte dépendance aux jeux d’argent, ce qui lui valut ce nom de pique-assiette (« Lemmy », raccourci de « prête-moi un bifton » en anglais).

Après avoir été « roadie » des Jimi Hendrix Experience, Ian Fraser (de son vrai nom) intègre le groupe de rock anglais Hawkwind en 1971. L’aventure s’arrête quatre ans plus tard, lorsque ce dernier tente de passer la frontière canadienne avec une cargaison de produits illicites: les petits boulots ne lui suffisaient plus, le bassiste avait prit l’habitude d’écouler un peu de came. Il passera 5 jours en prison, puis sera libéré, sans suite.

Seul, Lemmy décide alors de fonder un nouveau groupe, qu’il baptisera « The Bastards » (« enfoirés » en anglais). Bien entendu, le nom ne passe pas. Question d’éthique. Il le changera par la suite, lors de sa rencontre avec « Fast » Eddie Clarke, guitariste, et Phil « Philthy Animal » Taylor, batteur. C’est les débuts de Motörhead.

La formation hard-rock connait un franc-succès au début des années 80 et devient l’un des groupes les plus influents dans ce domaine. Plusieurs de leurs singles seront présents au « UK Chart Hits », incluant le classique « Ace of Spades » et l’album live « No Sleep ’til Hammersmith » qui deviendra numéro 1.

En marge du trio, Lemmy va collaborer tout au long de sa carrière avec d’autres monstres du rock. On pense à Iggy Pop, Ozzy Osbourne, Dave Grohl des Foo Fighters ou encore Slim Jim Phantom des Stray Cats. Un film-documentaire, sobrement intitulé « Lemmy », lui sera même dédié en 2010.

Autour du mythe

Si Lemmy est devenu une icône pour une génération de musiciens, c’est en partie grâce au personnage qu’il incarne. Toujours accroché à une bouteille de Jack Daniel’s, arborant le même chapeau et la même paire de « boots », Lemmy a un style bien à lui, un univers particulier. Hormis son penchant pour la provocation, il n’est pas une rock star comme les autres. Si l’on pense que Lemmy aime être entouré de monde, on se trompe. Le documentaire (superbe) qui lui a été consacré en 2010 prouve le contraire. Ici, on est bien loin des villas sur la côte d’azur et des jet-privés. En dehors des tournées, l’homme apprécie la solitude. Il passe le plus clair de son temps au « Rainbow » (célèbre bar de rockeurs de Los Angeles) à siroter des Whiskys Cocas, ou à écouter des classiques de Chuck Berry et de Little Richard, tranquillement dans son canapé. D’ailleurs, d’après le co- réalisateur du documentaire, Greg Olivier, « si tu as le malheur de l’ouvrir pendant qu’il passe un CD, il te dira gentiment de fermer ta gueule et d’écouter jusqu’à la fin ». YES SIR, l’homme est très à cheval sur les bonnes manières.

Et puis, Lemmy a aussi ses lubies. Si on ne le voit pas au volant de tanks dans des vidéos, il aime montrer ses collections d’objets en tout genre. Chez lui, il a la fâcheuse tendance d’accumuler des machines à sous et des reliques de la seconde guerre mondiale, notamment celles du IIIème Reich. Du mauvais goût? FUCK NO, he’s Lemmy! A l’instar de pointures comme Lou Reed et Iggy Pop, Lemmy aime le côté malsain que dégagent ses objets. En plus, il raffole des détracteurs. Politique et rock semblent bien trop différents pour être mélangés.

Si Lemmy aime les vieux objets, il aime encore plus les femmes. Dans une interview pour « Paris Match », il confie avoir eu environ un millier de partenaires:  » Ca n’a rien d’extravagant. J’ai 65 ans, j’ai commencé à 17 et je n’ai jamais été marié. Cela fait à peu près 25 maîtresses par an ». Il raconte, entre autres, qu’il en a partagé certaines avec Paul, son fils, et de « la manière la plus naturelle du monde »

La tête dans le guidon

Lemmy ne boit jamais d’eau, car selon lui « les poissons baisent dedans » (Renaud). D’ailleurs, on dit que « si un jour la fin du monde se produit vraiment, les seuls survivants seraient les cafards… et Lemmy » (en rapport à son incroyable résistance à l’alcool). Il est vrai, sa passion pour le bourbon a commencé très tôt. A 16 déjà, l’adolescent buvait une bouteille de « Old n°7″ par jour. Si on ajoute à ça les 3 paquets de clopes quotidien, un amour pour les drogues dures et un régime alimentaire douteux, on se demande comment l’homme peut encore tenir debout du haut de ses 68 ans: « Un médecin m’a dit un jour : “M. Lemmy, ne donnez jamais votre sang à quelqu’un, ça le tuerait certainement !” », raconte l’intéressé.

Bien qu’étant le seul membre de Motörhead originel, Lemmy fait toujours autant de shows et produit encore des albums de nos jours. Voici donc « Aftershock », 21ème du nom, après 38 ans de carrière.

Mais une légende, reste une légende. Et la réalité risque bien de le rattraper. L’été dernier déjà, Motörhead avait annoncé l’annulation de toute la tournée européenne en raison de l’état de santé du bonhomme. Quelque temps auparavant, le « frontman » s’était effondré sur scène, à causes de problèmes cardiaques: « Il est vraiment dévasté. Sa maladie a un effet très important sur lui. C’est comme si on lui coupait les mains à un pianiste. C’est sa vie. Je suis inquiet parce qu’il ne va pas très bien » expliquait le batteur, Mickey Dee.

Aux dernières nouvelles, l’état de santé du loup solitaire se serait légèrement amélioré. Reste à voir s’il sera en condition pour assurer la tournée européenne du groupe prévue cet hiver…

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motorhead aftershock500 Motörhead : Lemmy ou limmortelle mécaniqueMotorhead, « Aftershock ».

Sortie le 21 octobre 2013 chez UDR GmbH

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