Samedi, en pleine visite du Pape à Rio de Janeiro, au Brésil, une marche pour les droits des femmes et les homosexuels a attiré l’attention parmi les milliers de jeunes fidèles catholiques. Son nom, « la marche des salopes ».

slutwalk2-tt-width-604-height-403-attachment_id-414270

C’est une manifestation pas très catholique qui s’est déroulée à Rio de Janeiro au Brésil, ce samedi. En pleines Journées Mondiales de la Jeunesse (JMJ), qui a fait venir le pape François sur la plage Copacabana, « une marche des salopes » s’est organisée pour attirer l’attention sur le droit des femmes surtout, mais aussi des homosexuels. Pour la troisième année consécutive, plus de 1000 personnes, en majorité des femmes, ont manifesté contre les violences sexuelles, pour l’avortement, et en somme pour le droit de décider entièrement de son propre corps. La plupart étaient très peu vêtues, souvent seins nus avec des inscriptions sur le corps, comme « Retire ta croix de mon utérus ! ». Les hommes eux, étaient habillés en femme, rouge à lèvres vifs, talons aiguilles. C’est dire que parmi ces jeunes fidèles pour certains très conservateurs, « la marche des salopes » faisait tâche.

« Le Vatican, je vais te dire, il existe un amour indépendant de tes désirs ».

Profitant des JMJ pour se faire entendre, les féministes ont chanté des slogans qui s’adressaient directement au Pape, ventant tout autant les droits des femmes, que le mariage homosexuel : « Le Vatican, je vais te dire, il existe un amour indépendant de tes désirs ». « Nous voulons montrer à tous ceux qui ont les yeux tournés vers le Brésil à cause du pape, que c’est un pays où les femmes ont très peu de droits, où il semble normal de se faire agresser et où l’avortement est loin d’être garanti », a déclaré Ana Carolina Castro une des « salopes », de 24 ans. Pour Cynthia Palais, jeune fidèle catholique en provenance de Paris, au contraire, « les manifestantes ne savent pas ce qu’elles disent. Mais on va prier pour elles ».

Pourtant, dans les rues de Rio et près de Copacabana, la manifestation n’était en aucun cas contre l’Eglise Catholique. Si quelques radicaux en colère ont détruit des statuettes de saints et des croix en bois devant les pèlerins, les organisateurs ont appelé à une marche pacifique et bon enfant : « Nous ne sommes pas contre la religion,mais on condamne certaines positions de l’Eglise Catholique », a affirmé Danielle Miranda l’une des responsables. Selon elle, la manifestation ne cherchait pas à provoquer la colère fidèles : « Nous sommes dans un espace public, mais on ne veut aucun affrontement ». Certains protestataires faisaient même partie d’un mouvement religieux, les « Catholiques pour le droit de décider! », pro-avortement. « Nous croyons que le pape a les moyens d’utiliser toute cette solidarité qu’il dit éprouver pour considérer les femmes comme ses égales », a déclaré à l’AFP Gisèle Barbosa, une des têtes de ce groupe chrétien progressiste.

Et il faut dire que le Brésil est en retard sur les droits accordés aux femmes et sur leur protection. L’avortement est seulement autorisé en cas de viol jusqu’à huit semaines de grossesse, ou quand la vie de la mère est en danger. Selon un rapport de l’Institut de Sécurité Publique de Rio de Janeiro, les cas de viols enregistrés dans l’état ont augmenté de 23% en 2012. Pour Indianara Siqueira, une des organisatrices de la « marche des salopes », « ces chiffres sont sous-évalués, puisque dans la majorité des cas, les victimes n’ont pas les moyens ou même le courage de dénoncer leurs agresseurs. La majorité des viols sont commis sur des enfants et adolescents, e plus de 40% des cas par le père, parrain, parent ou une connaissance. » Une croix plutôt lourde à porter.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publié.

* Copy This Password *

* Type Or Paste Password Here *