Un peu plus de deux ans avant les élections législatives de 2015, l’UKIP (United Kingdom Independance Party), encore considéré comme un « groupe de clowns » par David Cameron en 2006, fait trembler l’ensemble de la classe politique britannique. Ce parti europhobe milite pour la sortie de la Grande-Bretagne de l’Union européenne.
Fondée en 1993, l’UKIP est issu de la franche anti-européenne du parti conservateur. Celle-ci contestait la signature par la Grande-Bretagne du Traité Européen de Maastricht en 1992. Ce jeudi 2 mai, le parti a enfin eu de bons résultats dans des élections au Royaume-Uni. Le parti anti-européen a gagné plus de 26% des suffrages dans les 27 comtés britanniques non-métropolitains qui votaient pour élire les membres de leurs conseils. La forte progression de l’UKIP se fait notamment grâce à un important report des voix des électeurs en sa faveur par rapport au parti conservateur de David Cameron. Dans le Comté de Lincolnshire au nord-est de l’Angleterre, par exemple, les conservateurs gardent leur première place mais en perdant 24 sièges, alors que l’UKIP inexistant avant ces élections gagne 16 sièges et se classe deuxième au Conseil du Comté. Dans de nombreux comtés, les anti-européens ont dépassé les « europhiles » du parti Démocrates-libéraux, les alliés des conservateurs dans la coalition qui gouverne le pays depuis 2010.
Un populiste primaire
La volonté de faire sortir le Royaume-Uni de l’Union européenne n’est pas le seul thème de campagne de l’UKIP. Le parti est aussi favorable à une régulation forte de l’immigration, les tracts électoraux de ses candidats ne laissent pas place au doute : « D’ici un an, 29 millions de Roumains et de Bulgares gagneront le droit de vivre ici. Seul l’UKIP prend au sérieux cette menace énorme sur nos logements, écoles et services de santé » était-il écrit sur les papiers jaune et violet, les couleurs du parti. On peut se demander comment le parti peut sortir objectivement de tels chiffres, vu que la Grande-Bretagne ne fait pas partie de l’espace Schengen et que les gouvernements roumains et bulgares ont déclaré, après l’opposition de nombreux états membres, que l’adhésion de leur pays à l’espace Schengen n’était plus une priorité. Le programme économique du parti est lui aussi discutable : l’UKIP veut réduire les impôts y compris pour les plus riches et veut aussi supprimer les contributions obligatoires pour les entreprises. Malgré ces fortes baisses d’impôts et donc de revenus pour l’Etat, le parti promet de construire plus d’écoles, d’hôpitaux et de prisons.
Dans le domaine de l’environnement, le parti est complétement opposé aux énergies renouvelables et parle du réchauffement climatique comme d’un non-sens. Les responsables de l’UKIP pensent toujours que les énergies fossiles sont l’avenir et souhaitent renouveler le parc nucléaire britannique. Marta Andreasan, une eurodéputée élue sous la bannière de l’UKIP en 2009 qui est depuis lors passée chez les conservateurs, a qualifié la connaissance du problème climatique comme « amateurisme » au sein du parti.
Présent au Parlement européen
Avant les élections locales de jeudi, les seules élections où l’UKIP avait réalisé des résultats probants étaient les élections européennes. En 1999, trois candidats des europhobes furent élus au Parlement européen; ils étaient 12 en 2004 et 13 cinq ans plus tard. L’UKIP est avec le parti « Ligue du Nord » italien, un des piliers du groupe européen « Europe libertés démocratie ». Ce groupe politique, crée en 2009, regroupe la plupart des anti-européens présents au Parlement, du parti nationaliste finnois « Vrai finlandais » au « Mouvement pour la France » de Philippe de Villiers qui en est le vice-président.
Le président d’UKIP, Nigel Farage est co-président du groupe « Europe libertés démocratie » au Parlement européen. Farage fut membre du parti conservateur jusqu’en 1992 et il est un des membres fondateurs d’UKIP. En 1999, cet ancien courtier est élu au Parlement européen et se fait connaitre grâce à ses déclarations très provocantes envers les responsables de l’Union européenne. Le 24 février 2010, Nigel Farage s’en prend directement à Herman Van Rompuy, le président du Conseil européen. Après avoir comparé le charisme de l’ancien premier ministre belge à celui d’une serpillère humide, il s’était permis de qualifier la Belgique de « Non-pays ». Ces déclarations avaient été jugées impardonnables par la plupart des autres eurodéputés. Martin Schulz, le président actuel du Parlement européen, qui était à l’époque président des socialistes européens, avait demandé à Nigel Farage de renoncer à son mandat d’eurodéputé.
L’avenir s’annonce radieux pour Nigel Farage et ses troupes. En 2014, de nouvelles élections européennes sont organisées, mais celles qui intéressent le plus les europhobes britanniques sont les élections générales organisées en 2015 en Grande-Bretagne. L’UKIP est crédité de près de 15% dans les sondages et devrait pouvoir à cette occasion faire élire ses premiers députés à la Chambre des communes, la partie dominante du parlement britannique. Il ne faut pas non plus oublier le référendum promis par David Cameron sur la sortie de la Grande-Bretagne de l’Union européenne d’ici 2017. Avec 50% des Britanniques prêts à voter pour la sortie de leur pays de l’Union européenne d’après un sondage du « Financial Time » en février, ce référendum serait l’apothéose pour l’UKIP.








