A un an du Mondial de football, des dizaines de milliers de Brésiliens ont manifesté dans la plupart des grandes villes du pays jusqu’à ce que des casseurs fassent dégénérer la situation. Le début d’une crise sociale?
Le Brésil qui accueillera la prochaine Coupe du monde de football, souffre d’un ralentissement économique après des années de croissance, doublé d’une hausse du prix des denrées alimentaires (+ 13% en un an). Sans oublier une augmentation de 7% du prix des tickets d’autobus, de métro et de train dans les grandes villes du pays. C’était la goutte de trop qui a fait descendre les Brésiliens mécontents dans la rue.
Ces deniers disent avoir perdu confiance dans les partis politiques qui ont largement dépassé les dépenses prévues pour le Mondial de football, négligeant des secteurs qui auraient besoin d’un investissement prioritaire comme la santé ou encore l’éducation. Aussi, les Brésiliens ont manifesté hier pendant plus de sept heures dans plusieurs villes, mettant en place les manifestations sociales les plus importantes depuis 1992, contre la corruption du gouvernement de l’ex-président Fernando Collor de Mello, qui avait démissionné durant son procès politique devant le sénat.
Le mouvement réunissait 100 000 personnes -se donnant rendez-vous via les réseaux sociaux- qui défilaient tout d’abord pacifiquement puis après des accusations de violences policières contre les manifestants, des groupes de casseurs s’en sont pris aux policiers à coups de cocktails Molotov et noix de coco, et la riposte des forces de l’ordre ne s’est pas fait attendre : gaz lacrymogène, tirs de balles en caoutchouc, et tirs en l’air à balles réelles ont fait écho a ces attaques. A Brasilia, cinq mille manifestants ont protesté dans le quartier des ministères, symbole du pouvoir. Quelque 200 d’entre eux ont réussi à grimper sur le toit du parlement où ils ont entonné l’hymne brésilien. Dans les échauffourées, 20 policiers et sept manifestants ont été blessés, dont deux par armes à feu.
Si le ministre des Sports Aldo Rebelo avait menacé les protestataires peu de temps avant le début des manifestations, «Nous ne permettrons pas que des manifestations perturbent les événements que nous nous sommes engagés à réaliser», la présidente Dilma Rousseff, inquiète pour la popularité du gouvernement qui a chuté de huit points en juin, s’est empressée de rectifier le tir afin de ne pas envenimer la situation: «les manifestations pacifiques sont légitimes et propres à la démocratie. (…) C’est le propre de la jeunesse de manifester ».
Un climat de tension entre le gouvernement et les Brésiliens donc, qui ne pourrait pas tomber plus mal qu’ à un an du Mondial de football. Dilma Rousseff va devoir revoir ses priorités si elle tient à ne pas perdre tout crédibilité au regard de la communauté internationale.
Le Brésil se réveil, la révolution a commencée!