La zone euro est en crise. Malgré des efforts budgétaires, la rigueur, « innommable » en France, touche les nations européennes. L’Euro, un des derniers symboles de l’Union Européenne, pourrait disparaître plus vite que prévu. La Suisse quant à elle anticipe, militairement…
L’Europe que l’on connaît a été construite pour éviter la guerre. La Communauté européenne du charbon et de l’acier fut la première ébauche d’un vaste projet qui a atteint son apogée avec Maastricht. Aujourd’hui, l’Europe est malade, son économie est à l’agonie, assaillit par les marchés. La TSCG, symbole de la fin de la démocratie en Europe est un premier pas vers la sortie de l’Euro de certains pays. « Nous avons tendance à l’oublier, mais le projet européen a été bâti pour sauver l’Europe du nationalisme extrémiste et des conflits » rappelait le ministre britannique des finances, Vincent Cable, le 14 octobre dernier.
Joseph Stiglitz, le Nobel 2001 d’économie, est encore plus radical, « l’euro et la politique de sauvetage de l’euro » ne sont « pas bon pour la paix » puisque « la division entre Etats mais aussi à l’intérieur des Etats » fait le jeu « des courants extrémistes et nationalistes. »
La fin de l’euro synonyme de guerre ?
Dans un tel contexte politiquo-économique, la Suisse se prépare sérieusement à l’éclatement de la zone euro et des troubles sociaux qui en découleront. « Si la zone euro se fissure, l’Union européenne ne sera pas capable de survivre, avec toutes les conséquences que l’on peut imaginer » avait annoncé, l’an passé, Jacek Rostowski le ministre polonais des Finances alors à la présidence de l’UE. L’homme politique avait rajouté qu’un ami banquier lui avait confié « craindre une guerre au cours des dix prochaines années. ».
La Suisse n’est pas un pays connu pour sa politique fantaisiste. Synonyme de sérieux sur le plan économique et politique, la Confédération Helvétique mobilise ses troupes. Et ceci est assez inquiétant. Il y a déjà deux ans, le chef des forces armées de la Confédération, le général André Blattman, présentait une « carte secrète » assez incroyable devant la Commission de la politique de sécurité (CPS). Elle référençait les menaces potentielles contre la Suisse. Ces « menaces » sont l’Italie, le Portugal, l’Espagne, la Grèce et la France ! Ces pays en position économique précaire sont susceptibles de créer « des situations que nous ne pouvons même pas imaginer aujourd’hui ». En clair : un chaos social issu d’un cataclysme financier provoquant un tsunami de réfugiés aux frontières helvètes.
La Suisse : forteresse imprenable
L’Etat-major suisse va demander en décembre l’autorisation au Parlement pour créer quatre bataillons de police militaire, 1600 hommes prêts à défendre les points sensibles du pays. Depuis les années 30, la Suisse a verrouillé militairement ses frontières naturellement protectrices. L’armée se classe 39e mondiale, le pays a donc mis en place un système axé sur la défense qui a transformé la Suisse en forteresse quasi imprenable, ou alors pour un coût humain très élevé.
Des fortifications permanentes ont été construites dans les Alpes. Bases aériennes souterraines, batteries de canon lourd, forteresses pour l’infanterie sont destinées à reprendre les vallées en cas d’invasion. De même, des rumeurs évoquent le dynamitage des tunnels transalpins.
Hommes politiques et militaires en accord
En 2010, A. Blattman avait été marginalisé par l’opinion et certains hommes politiques. Pourtant, avec un franc suisse fort dans une zone euro faible a changé la donne. En septembre 2012, l’armée suisse a mené un exercice mobilisant 2000 soldats, Stabilo Due. Le scénario de celui-ci anticipe « des troubles, des attentats et des actes de violence », « supposant l’instabilité d’une partie de l’Europe spécialement délimitée géographiquement pour l’occasion ».
Le plus inquiétant ? La classe politique helvète fait preuve d’un réalisme aussi effrayant que son état-major. Le 7 octobre, le conseiller à la défense, Ueli Maurer, justifie se déploiement de force avec pragmatisme, « je ne peux pas exclure que, dans les années à venir, nous pourrions avoir besoin de l’armée » rapporte l’hebdomadaire Der Sonntag.
Sonja Margelist, porte-parole du département de la Défense, est encore plus explicite, « l’armée doit être prête dans le cas où la police demanderait de l’aide » puisqu’il « n’est pas exlu que les conséquences de la crise financière peut conduire en Suisse à des protestations et des violences ».
Nicolas Sarkozy, l’ancien président de la République française fraîchement reconverti en conférencier de prestige, a déclaré à New-york que les « 450 millions d’Européens savent en regardant l’histoire de leur famille que s’il n’y a pas l’Union européenne, il y aura la guerre.«
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