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7 Commentaires

« The Wall » : la dernière brique ?

Chaque année, le très orienté magazine économique américain Forbes publie ses classements ineptes, destinés à recenser les personnalités ayant amassé le plus de revenues durant l’exercice précédent. Dans la catégorie musique, le roi des fous est, sans surprise, Dr. Dre, qui a été l’artiste le mieux payé de Mai 2011 à Mai 2012. La deuxième place est quant à elle occupée par un vieil homme de 70 ans au nom fort mésestimé pour le grand public : Roger Waters. Derrière cet obscur patronyme se cache le leader créatif d’une des plus grandes formations musicales de tous les temps, Pink Floyd…

Thewall The Wall : la dernière brique ?

Run Like Hell

Si la musique était une religion monothéiste, Georges Roger Waters, mieux méconnu sous le nom de Roger Waters tout court, en serait très certainement, sinon l’antéchrist, l’un de ses plus éminents apôtres. De ceux qui profèrent les plus apocalyptiques prêchés, narrant d’atroces fabulations le regard droitement fixé sur votre âme, sourire carnassier. Du temps de la renaissance, il aurait été ce féroce inquisiteur, pourchassant jusqu’en enfer l’hérétique, animé par une foi aussi funeste qu’ardente. Foi qui vous aurait pénétré, de gré ou de force, à genoux de préférence. Car Waters n’est pas de ces prédicateurs soucieux du respect de l’ordre moral, vous accueillant chaleureusement dans la demeure du Seigneur. La plume chargée de rédiger ses sombres versets trempe le plus souvent dans un encrier rempli d’acide sulfurique. Plus proche d’Alexandre VI que de Jean-Paul II, plus inspiré par Machiavel que par Jean Valjean, Roger Waters n’est, pour sûr, pas un saint homme. Mais foutre dieu, que sa musique est pure.

Pink Floyd, c’est un peu ce chant grégorien qui écrase de toute sa superbe les épaules de l’agnostique, qui dévore les entrailles de l’athée, ce délicat son qui foudroie le mécréant. C’est ce psaume que l’on prendrait bien pour épitaphe. C’est la genèse narrée par Al Capone, le combat contre Leviathan selon Méphistophélès, le fruit de la connaissance assaisonnée par le venin du serpent. C’est cette ballade en amoureux au bord d’un fleuve, avec vue sur une industrie pétrochimique, un voyage aux confins de la déraison, où tout semble devenir beau. C’est Us And Them, ce morceau qui marque l’apogée de Darkside Of The Moon qui parle de la guerre, de la futilité de l’existence, avec ce putain de saxophone qui te pousserait presque à faire l’amour à Margaret Thatcher si elle était à tes côtés.

pink floyd The Wall : la dernière brique ?

Et le light show fut

Au début des années 60 naît donc Pink Floyd, sous l’impulsion de Roger Waters et de feu Syd Barrett. Au départ étiqueté groupe underground, inventeur du light show à la musique inaudible pour une oreille non droguée, les Floyds connaîtront un succès fulgurant à la fin des années yéyé. Un succès qui coïncide avec le départ de Syd Barrett, bien trop camé pour se plier aux contraintes de la vie en communauté, dont les performances scéniques erratiques manqueront de faire crasher un groupe en pleine envolée. Musicalement estimé, Pink Floyd entre dans la cour des géants en 1973 quand sort The Darkside Of The Moon, troisième album le plus vendu de l’histoire après Thriller (Michael Jackson) et Back In Black (AC/DC). Les réussites musicales et commerciales s’enchaînent alors sans discontinuer.

Pink Floyd vend énormément tout en demeurant estimé par les mélomanes élitistes. Puis, comme dans un vieux couple, commence à s’installer la routine. Les albums Wish You Were Here (1975) et Animals (1977) amplifient la renommée de la formation, mais l’esprit fougueux des jeunes années semble s’être évaporé pour laisser place à une nostalgie mélancolique, parfaitement illustrée par Shine On You Crazy Diamond. Richard Wright, le claviste, passe le plus clair de son temps le nez dans la schnouff, David Gilmour semble avoir bien du mal à digérer son statut de rockstar. Quant à Nick Mason, bon batteur au demeurant, il n’a jamais été un meneur. Roger Waters, gant de fer et poing d’acier, décide donc de reprendre les choses en main pour se livrer à l’une des plus périlleuses entreprises musicales de sa carrière. Au détour d’un crachat à la face d’un fan trop agité à son goût… (1)

The Wall1 The Wall : la dernière brique ?

Par delà le Mur du son

Planète Terre, an de grâce 1979. Dix ans avant la chute du mur de la honte à Berlin, le monde assiste à l’édification d’un mur allégorique non moins sinistre et tout aussi impressionnant. Repoussant toujours plus loin les frontières du son, Pink Floyd sort The Wall, un opéra rock imposant à l’atmosphère aussi oppressante qu’aliénante. L’album relate l’histoire de Pink, rockstar déchue et psychotique qui, au gré des déconvenues sentimentales et des pérégrinations métaphysiques, décide d’ériger un mur mental le séparant d’un environnement extérieure qu’il juge hostile. Indubitablement un monument, d’une puissance musicale incommensurable, tant pour la qualité des titres (Another Bricks In The Wall, Hey You, Confortably Numb, The Trial) que pour sa portée auprès du public : rarement en effet œuvre musicale aussi difficile d’accès et personnelle aura su fédérer autant. Inspirée de la vie de Roger Waters, The Wall demeure à ce jour l’un des albums les mieux vendus de l’histoire. Un carton qui fera l’objet d’un film éponyme trois ans plus tard, réalisé par Alan Parker (Midnight Express, Mississippi Burning, excusez du peu). Il marque l’apogée de la carrière du Floyd en même temps qu’il amorce le déclin brutal du groupe, lassé de son propre succès commercial.

Jusqu’en 1984, Roger Waters est le sanguinaire capitaine de Pink Floyd, un pavillon militaire devenu ivre. Cette année-là il quitte le groupe et pense ainsi mettre fin à Pink Floyd. C’était sous-estimer l’ampleur du phénomène, qui, il faut le dire, le dépassait totalement. David Gilmour reprend les commandes du bateau, après une longue bataille juridique l’opposant à Roger Waters. Ce litige restera une plaie béante, jamais complètement cicatrisée. De l’amour à la haine il n’y a qu’un pas, ou plutôt une feuille d’assignation à comparaître… Mais qu’importe, Pink Floyd survivra à Roger Waters. Deux tournées gigantesques, pour autant d’albums, dont The Division Bell (1994), particulièrement apprécié par les inconditionnels, permettront à la formation d’étendre son influence sur une quatrième génération de fans. Roger Waters poursuit pendant ce temps une carrière solo plus estimée que lucrative, avec pour unique sommet le mythique concert de Berlin en 1990, où il joua l’intégralité de The Wall sur les décombres… du mur de Berlin. Ce manque de reconnaissance suscitera d’ailleurs un certain rejet de Pink Floyd chez Waters, rejet qui s’estompera avec les années.

the wall 1 The Wall : la dernière brique ?

The Great Gig In The Sky

En dépit d’une éphémère re-formation le temps du Live 8 en 2005, jamais le mythe n’a eu l’occasion de tirer sa révérence sur scène. Syd Barrett est mort dans un relatif anonymat en 2006. Deux ans plus tard, c’est Richard Wright qui a passé l’arme à gauche, rendant de facto tout retour du Floyd de l’âge d’or impossible. David Gilmour lessivé par des décennies de concerts et quasiment obèse, n’a plus la forme nécessaire pour assurer une tournée. Quant à Nick Mason, il n’était que le batteur. C’est donc Roger Waters qui a décidé de redonner vie à la légende. D’abord avec une tournée consacrée à Darkside Of The Moon en 2006. Mais surtout avec le triomphal The Wall Tour, reproduction des concerts de 1980, avec un show plus sophistiqué que jamais. Commencée en 2010, cette tournée permet à Roger Waters de devenir, à près de 70 ans, la deuxième personnalité musicale la plus puissante financièrement. Des salles moyennes initiales, elle joue les prolongations dans les stades. En septembre 2013, elle s’achèvera à Paris, au Stade de France. Pour ce qui sera très certainement le dernier concert consacré à la discographie de Pink Floyd, avec un membre fondateur présent sur scène…

Aussi mythique soit Pink Floyd, jamais le groupe n’a versé dans le culte de la personnalité à l’égard d’un de ses membres actifs : Syd Barrett n’étant que l’ange déchu fondateur, lien naturel et ectoplasmique entre les autres musiciens de la formation. Seule l’harmonie sonore avait, pour les Floyds, une valeur iconoclaste. Des Britanniques, on retient davantage un album (The Darkside Of the Moon, The Wall…), une musique (Money), un solo (Confortably Numb) ou encore un riff (Wish You Were Here). Nettement moins quelques comportements scéniques sulfureux, ou une personnalité aussi hors norme que celle de Roger Waters, despote discret. Alors que l’on croyait l’homme apaisé, l’artiste oublié, c’est lui qui mène de front le baroud d’honneur du Floyd. Roger Waters est redevenu, au crépuscule de son existence, sinon physique, artistique, la plus grande Rockstar du monde. Géniteur et fossoyeur de la formation, qui était plus légitime que lui pour mener la procession funéraire ? Après tout, la mort elle-même est un ange…

(1) En 1977 à l’occasion d’un concert de Pink Floyd à Montreal. Extrait : « Il y avait un mec devant la scène qui faisait ce qu’il voulait, mais ce qu’il voulait n’était pas ce que je voulais. Il criait, il hurlait et semblait s’amuser comme un fou en poussant les gens contre la barrière de la scène. Il voulait se battre, en fait, et moi, je voulais faire un concert rock. J’étais tellement exaspéré que j’ai fini par lui cracher dessus pour qu’il se calme, ce qu’on ne doit faire à personne. Et je l’ai eu, il s’est pris mon crachat en pleine figure! » - Roger Waters

 

Discussion :

  1. Le_M_Poireau

    70 ans ? Y’a erreur ! :-)

    • Kevin Letalleur

      Il va sur soixante-dix ans. Il les fêtera peu avant le concert au Stade de France d’ailleurs. Ce n’est pas une erreur, mais un raccourci. Je n’avais pas franchement envie de perdre deux lignes pour une information aussi peu utile ;)

  2. Le_M_Poireau

    Kevin : tu as raison, ce n’est qu’un détail. Mon esprit de fan est sur-réactif ! :-)

  3. Damien

    Super article et plume aiguisée. On a qu’une envie: prendre nos places pour le Stade de France!!!

  4. Christophe

    Gilmour obèse ??
    Et sa dernière tournée de 2006 ?? L’auteur de cet article n’a aucune connaissance de ses concerts à Earls Court ou Gdansk ?
    Encore un article où l’on apprend rien.

    • Kevin Letalleur

      En même temps, il est difficile de faire découvrir quoi que ce soit sur Pink Floyd, l’essentiel a déjà été raconté. Du moins, pour un fan. Et puis, on ne peut pas décemment parler de Roger Waters sans faire une rétro sur les Floyds, car pour une majorité de personnes, ce nom n’évoque pas grand chose, à regret.

      Quant à ma connaissance des concerts et autres discographies de Gilmour, elle ne s’est pas arrêtée à On an Island. Le bonhomme a pris du poids, après, tout dépend le sens que l’on veut donner au mot obèse. C’est pas non plus un bélouga, mais il est plus proche de Carlos que de David Bowie.

      Je me disais bien qu’il manquait un râleur. Soulagé ?

      • Le_M_Poireau

        Moi je suis d’accord, Gilmour est devenu un gros lard.
        J’ai piraté On an Island, j’ai écouté et réécouté puis balancé cette daube dans la corbeille. Où est le rock ?
        #MonAvis

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