Des documents secrets révélés au Brésil par le quotidien O Globo font état d’un vaste programme d’espionnage américain au pays du football et de la samba. Dilma Rousseff s’indigne et fait appel à l’ONU.
Le scandale du programme d’espionnage américain PRISM continue de faire des ravages planétaires. Selon le quotidien brésilien O Globo, les services de renseignement des États-Unis ont intercepté des millions de courriers électroniques et d’appels téléphoniques d’entreprises et de particuliers au Brésil. Publiés dimanche et lundi et co-signé par Glenn Greenwald, reporter au journal britannique The Guardian à l’origine des révélations sur le programme de surveillance, les articles citent des documents fournis par Edward Snowden, l’ex-employé de la CIA qui a fourni ces documents secrets à la presse. De plus, le quotidien révèle que la capitale Brasilia a été l’une des 16 bases d’espionnage par satellite mises en place par les Etats-Unis, la seule en Amérique latine.
« Une violation des droits de l’homme »
La présidente brésilienne, Dilma Rousseff, a tout de suite réagi en estimant que cet espionnage pourrait constituer « une violation de souveraineté brésilienne et des droits de l’homme ». « La position du Brésil sur cette question est très simple et très ferme. Nous ne sommes pas d’accord, en aucune manière, avec des interférences de cet ordre, non seulement au Brésil, mais dans aucun pays », a-t-elle ajouté. Entre autres mesures, le gouvernement brésilien compte présenter la question à la Commission des droits de l’homme des Nations Unies (ONU), pour abus envers la liberté d’expression.
Ce matin, selon O Globo, le Comité du Sénat sur les relations étrangères a organisé une rencontre exceptionnelle avec le ministre des affaires étrangères Antonio Patriota, pour exiger des explications auprès de l’ambassadeur américain au Brésil, Thomas Shannon. Celui-ci avait déclaré lors d’un point de presse lundi que le reportage présentait une « image erronée » du programme de renseignement américain. Certains sénateurs ont par ailleurs demandé que le Brésil accorde l’asile politique à Edward Snowden.
Affaires militaires et secrets commerciaux
Toujours d’après le quotidien, les Etats-Unis ont développé des programmes d’espionnage et de localisation dans plusieurs autres pays d’Amérique Latine, comme le Mexique, le Venezuela, et l’Argentine. « Un des aspects qui se démarquent des documents c’est que les États-Unis ne semblent pas s’intéresser uniquement aux affaires militaires, mais aussi aux secrets commerciaux - «pétrole» au Venezuela et «énergie» au Mexique. » peut-on lire dans l’un des articles.
Brasilia s’interroge à présent sur la participation des firmes brésiliennes dans le renseignement américain. L’Agence nationale des télécommunications (Anatel) a déjà ouvert une enquête, en coopération avec la police fédérale, pour déterminer si les entreprises privées ont oui ou non fourni les données personnelles des utilisateurs.
6ème puissance mondiale au vaste réseau de télécommunication qui semble plus qu’intéresser la CIA, le Brésil reste pourtant très influencé par la culture de ses voisins du nord. Ironie absolue, une des émissions phares de la télévision brésilienne, est une télé-réalité qui existe depuis 2002, justement la dernière année d’existence de la base d’espionnage à Brasilia, selon les documents. Son nom? « Big Brother Brasil ».










