Le député-maire UDI de Cholet (Maine-et-Loire), Gilles Bourdouleix, a sérieusement dérapé en mentionnant Hitler face à des gens du voyage installés dans sa commune. Grosse tension dans l’air.
« Comme quoi Hitler n’en a peut-être pas tué assez ». C’est la phrase qu’aurait prononcé Gilles Bourdouleix (photo ci-dessus) à propos des gens du voyage installés à Cholet, selon le quotidien local « Courrier de l’ouest ». Député UDI et maire de cette petite commune de Maine-et-Loire depuis 1995, Gilles Bourdouleix a du faire face depuis dimanche soir à l’installation illégale de 150 caravanes de gens du voyage sur un champ communal de cinq hectares, loué à la mairie par deux jeunes agriculteurs, alors empêchés d’exploiter leur terrain.
Escorté par quatre policiers, le maire est allé à la rencontre de ces gens du voyage, qui appartiennent tous à la mission évangélique Vie et Lumière. Il traite alors la mission de « secte » et se fait injurier et provoquer par des saluts nazis qui lui sont adressés par les gens du voyage. Dans sa barbe, il prononce la fameuse phrase faisant référence à Hitler. Si les nomades installés sur place lui ont tourné le dos et n’entendent rien, le journaliste Fabien Leduc du « Courrier de l’ouest » est là pour en témoigner. Interrogé par celui-ci sur ses propos, le maire n’a pas nié et a même défendu son point de vue : « vous faire traiter d’Hitler, vous croyez que c’est agréable ? On se fait injurier à longueur de temps. L’autre jour, ils me traitaient de pédophile. Alors qu’eux, la moitié des enfants sont entre pères, grands-pères… »
Habituellement, le terrain qui accueille la mission évangélique dans la région est une aire de grand passage de la route du Puy-Saint-Bonnet. Selon « Ouest France », l’endroit aurait été barré par un talus de terre. Le terrain municipal disponible, trop petit, ne dispose que de 30 places. Le pasteur Giovanni leur porte-parole, s’est engagé à dédommager les deux agriculteurs. « Si vous voulez qu’on se déplace, on se déplace. Dites-nous où on doit aller », aurait-t-il demandé au maire. Gilles Bourdouleix a assuré qu’aucune demande n’avait été faite auprès des instances officielles et a menacé de démissionner de ses fonctions si le préfet n’engageait pas des mesures d’expulsion.
Le maire de Cholet pourrait être exclu de l’UDI
Mais les nouvelles vont vite. Vers 12h30 selon « L’Express », les cadres de l’UDI, dont Jean-Louis Borloo, se seraient réunis en urgence à Paris pour décider des sanctions à adopter envers le député-maire. Celui-ci pourrait être alors exclu du parti. Et les réactions ne sont pas fait attendre : Selon « Lyonmag.com », Jeremy Coste, porte-parole des Jeunes Forces Démocrates-UDI, condamne « les propos scandaleux et indignes de Monsieur Bourdouleix sur les Roms. Ce monsieur n’a, de toute évidence, rien à faire dans notre famille politique. » Contacté par le journal « Ouest France », Mathieu Orphelin, conseiller régional écologiste en Maine-et-Loire, s’est indigné des propos du maire de Cholet et a affirmé que ce n’était pas son premier dérapage : « J’avais déjà dénoncé des propos qu’il avait eu sur les Roms. Cette fois-ci, ses propos sont inacceptables, notamment parce qu’il est maire. Cela montre que Gilles Bourdouleix est capable de tout, sans aucun respect, et toujours à la limite du racisme. Il devrait se replonger dans les livres d’Histoire, ça lui ferait du bien. »
Face au tollé sur le net et dans les médias, Gilles Bourdouleix s’est finalement défendu d’avoir prononcé une telle phrase : « J’ai marmonné: ‘Si c’était Hitler, ils les auraient tués.’ Marmonné. Comment dès lors un journaliste situé à 2,50 mètres aurait pu entendre ce que j’ai dit? ». Pas de chance, le reporter aurait non seulement entendu, mais aussi tout enregistré sur son Dictaphone. Une bande son mise en ligne en début d’après-midi sur le site du journal local, où on entend « comme quoi il en a peut-être pas tué assez » vers les 12 secondes :
« Un camion plein de merde »
L’homme n’est pas à son premier essai, ce qui expliquerait les injures des membres de la mission évangélique à son égard. Lors d’une réunion le 9 septembre 2010, il aurait déclaré, à propos des gens du voyage : « on a la trouille de ces gens-là, ils ont tous les droits ! Je suis prêt à prendre un camion plein de merde pour le déverser au milieu de leurs caravanes ! » Un propos qui lui avait valu une plainte de la Ligue des Droits de l’Homme pour provocation à la haine raciale et à la violence. Rien à faire, il ne lâche pas son os.
En octobre 2012, pris à partie lors de heurts avec la communauté des gens du voyage, l’homme politique au tempérament de feu a décidé de porter plainte contre X pour « tentative de meurtre » et contre le ministre de l’Intérieur Manuel Valls pour « non-assistance à personne en danger ». Il avait, à ce moment là, décidé d’intervenir pour déloger la communauté d’un site occupé et avait été poursuivi par les gens du voyage, qui avaient pourtant été autorisés à s’installer sur place par la préfecture. Si selon le journaliste Fabien Leduc du « Courrier de l’ouest » les deux partis ont leurs torts, il n’empêche que la cause de cet avocat au barreau de Paris semble tourner à l’obsession. Ou l’histoire triste de Bourdouleix, le gaulois qui résiste encore et toujours à « l’envahisseur » gitan.