Classifier l’horreur n’est point chose aisée, faire une liste des pires prisons du monde non plus. Des geôles de Nairobi aux murs humides et poisseux de la Santé parisienne, voici un aperçu des établissements où même Lucifer tenterait l’évasion après une nuit d’angoisse. Une plongée dans l’univers carcéral « hardcore » qui fait froid dans le dos.
Prison militaire de Tadmor, Syrie .
« Vivre à Tadmor, c’est comme marcher dans un champ de mines. La mort peut survenir à tout moment pour cause de torture, de brutalité des gardiens, de maladie ou d’exécution. », selon le témoignage d’un ancien prisonnier. Cette prison est à la base conçue pour les soldats condamnés. Elle a ensuite reçu la plupart des prisonniers politiques du pays. En 1980, un millier de détenus auraient été tués en représailles par les gardiens, le lendemain d’une tentative (manquée) d’assassinat contre le président Hafez el-Assad. Dans un long rapport publié en 2001, Amnesty International a pu mettre en évidence le recours systématique à la torture et aux mauvais traitements qui semble caractériser la prison de Tadmor, notamment pendant la présidence de Hafez el-Assad.
Prison de Diyarbakir, Turquie.
Déjà connue sous l’Empire Ottoman, elle est devenue la geôle historique des prisonniers politiques turcs et kurdes. Un an après sa modernisation en 1980, la prison de Diyarbakir est devenue un centre de détention militaire et a acquis un surnom sans équivoque : « L’enfer ». Selon le journal The Times, c’est l’un des pires pénitenciers du monde. Un Midnight Express plus vrai que nature où de nombreux enfants et adolescents sont emprisonnés parfois pour des années. Ce sont notamment des kurdes, considérés comme des terroristes après avoir participer à des actions type « Intifada ». Selon des témoignages d’anciens détenus, ces derniers sont accueillis à la prison par un tabassage en règle organisé par les gardes. Ils ont toutes autorités et en abusent puisque la torture ou les scènes d’humiliation sont monnaie courante. Selon les associations de défense des Droits de l’Homme des incarcérés de Diyarbakir, environ 300 détenus y sont morts depuis les années 80. On se demande même qui des gardes ou des détenus sont censés être hors-la-loi, au final…
San Antonio, Venezuela.
Cette prison située sur l’île de Margarita, dans le nord-est du Venezuela, est « la meilleure prison du monde » selon les témoignages de quelques détenus. La cause ? C’est une zone de non-droits où les gardiens font figure de moniteurs de colos. San Antonio est dirigé par les gangs qui tiennent tous les trafics avec un leader : Téofilou Rodriguez. Surnommé « El conejo », (le lapin en français), il a pris pour symbole celui du célèbre magazine de charme américain. Sa prison est une affaire prospère, les détenus ont construit une piscine en plein air pour accueillir leurs familles et les enfants, les combats de coqs ou de boxe sont légions et les fêtes quotidiennes sont accompagnées de concerts qui attirent même des gens de l’extérieur de la prison ! En 2013, une discothèque a été inaugurée avec un spectacle de strip-teaseuses et entrée «gratuite», raconte le quotidien El Universal. La boîte « El Yate Club » est dotée « d’un système sonore professionnel, des jeux de lumière spectaculaires de dernière génération, de l’air climatisé, des bars et toutes sortes de jouets…» Derrière ce tableau idyllique, ceux qui ne sont pas affiliés aux gangs dominants sont les esclaves de ces derniers ou bien il faut être très riche puisque de la nourriture à la cellule (on ne parle même pas de la protection), tout se monnaye aux prix fort…
Prison de Luriguancho au Pérou .
Initialement prévue pour accueillir 3600 détenus, elle en compte actuellement plus de 10 000… Ce sont les prisonniers qui font la loi, ils élisent des délégués parmi les repris de justice pour faire régner un semblant d’ordre. Ce « conseil » dirige ce pénitencier divisé en 21 pavillons qui s’affrontent régulièrement dans une quête de pouvoir chaotique. Dans ses murs, l’argent fait la loi et tout est bon pour faire de l’argent, car tout se paye, drogue, téléphone, lessive, nourriture. Ceux qui ne respectent pas les règles du Conseil se font virer de leurs pavillons. Ils sont obligés de rester entre les grillages et les pavillons, ils ne mangent que les restes de nourriture que les gardiens vont leur lancer. La plupart qui s’y retrouvent ne mangent en moyenne qu’un pain par jour. L’ambiance est telle que les gardes permettent aux prisonniers d’avoir leurs propres armes et le conseillent fortement…
Prison de Carandiru, Brésil.
Ce pénitencier était à l’époque le plus grand du Brésil. Carandiru a été inauguré en 1956 à Sao Paulo et il a « accueilli » jusqu’à 8000 détenus ! Détruit en 2002 après une émeute sanglante le 2 octobre 1992, cette prison a marqué l’histoire du pays. Lors de la révolte, 111 détenus ont péri dans des circonstances troublantes et nombre d’entre eux ont été exécutés… Après un procès rocambolesque, seul le responsable de l’opération, le colonel Ubiratan Guimaraes, avait été condamné dès 2001 à 632 ans de prison. Cet évènement a marqué l’univers carcéral du Brésil puisqu’il et à l’origine de la création du Premier commando de la capitale (Primeiro Comando da Capital en portugais). Aujourd’hui, si l’administration pénitentiaire brésilienne ne lui reconnaît officiellement que 1 500 membres, le PCC compterait près de 20 000 membres selon d’anciens dirigeants du mouvement. Cette organisation mafieuse contrôle le trafic de drogue dans les prisons, planifie des assassinats (à l’intérieur ou à l’extérieur des prisons) selon les besoins de la « cause ». Le PCC peut opérer en quasi impunité dans les prisons grâce à l’organisation d’une corruption à grande échelle des gardiens.
Prison de Nairobi, Kenya.
Ici, ce ne sont pas les prisonniers ou les gardiens qui règnent, c’est la mort. L’hygiène est tellement déplorable que des détenus agonisent dans la cour à cause de l’absence de soins. Certains d’entre eux n’ont même pas de vêtements ! Il n’y a pas d’eau courante et les épidémies sont omniprésentes dans le quotidien des prisonniers. Rien que le choléra fait des dizaines de victimes chaque année dans l’enceinte de l’établissement. Construite pour 1000 personnes, ils sont plus de 4000 entassés dans ce pénitencier. Les cellules communes prévues pour 50 sont parfois occupées par 250 détenus…
Santa Marta, Mexico.
Les guerres de gangs ont transformé le Mexique en un véritable Etat policier et les arrestations grimpent en flèche, ce qui a bouleversé le système carcéral mexicain. Santa Marta ou « l’Académie du crime » est la pire prison du pays puisque les détenus les plus dangereux y sont incarcérés. Dans cette plaque tournante de la drogue, les viols, meurtres et autres mutilations sont quotidiens. En 2011, plusieurs centaines d’armes ont été saisies à Santa Marta. Ici, les lames artisanales sont trempés dans des excréments pour infecter la plaie de la victime… Pour les détenus les plus durs, l’administration a crée « le Trou », une geôle dans la geôle. Les prisonniers y sont enfermés 23h par jour sans eau ni nourriture et les rats sont aussi gros que des chats.












