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Violence à l’école: des élèves idiots et des profs à la dérive

La rédaction 27/02/2013 1
Une enquête menée auprès de presque 150.000 enseignants a révélé qu’un tiers d’entre eux souhaiteraient changer de métier. Paradoxalement, ils sont 70% a estimé que le climat scolaire est bon dans leur établissement. Alors, il est où le problème?

Dans l’imaginaire collectif des Français, les « profs » disposent d’une incroyable capacité à se plaindre perpétuellement. Considérés comme des feignants de première classe, les enseignants se cherchent des excuses pour justifier leurs si longues vacances qui font verdir de jalousie les salariés du privé. Pourtant, selon certains, le métier d’enseignants est loin d’être facile. Mais les chiffres ne mentent pas:

  • Une année a 253 jours ouvrés ;
  • Un travailleur aux 35 heures dispose de 25 jours de congés ;
  • Un travailleur aux 39 heures dispose de 25 jours de congés plus 24 jours de RTT ;
  • Un professeur à 253 jours ouvrés plus 14 semaines de congés (Toussaint : 1, hiver : 2, février : 2, avril : 2, grandes vacances : 7) soit environ 65 jours de congés (on compte 5 jours fériés « gachés ») ;

Un professeur travaille donc 188 jours par an, alors qu’un employés aux 35 heures travaillera lui plus de 228 jours! Alors, comme un professeur passe en moyenne 18 heures par semaine devant ces élèves, et à peu près la même chose à préparer les cours, cela donne, 36 heures hebdomadaires de travail effectif . En clair, il n’y a donc rien d’exceptionnel à enseigner: ce n’est pas plus contraignant qu’un autre travail. Seulement, la où ça coince avec les salariés du privé, c’est que certains commerçants, médecins, notables ou chefs d’entreprise travaillent couramment plus de 60 heures par semaine, sauf qu’eux ne bénéficient pas de vacances à rallonge…

Actuellement, près d’un tiers des personnels d’éducation envisagent de quitter leur poste en raison des tensions entre collègues. «Le harcèlement est bien un facteur de décrochage professionnel», souligne Éric Debarbieux, spécialiste de la violence scolaire. Trois mois et demi après son parachutage à la tête de la délégation ministérielle chargée de la prévention et de la lutte contre les violences en milieu scolaire, il présentait le 26 février une enquête d’une ampleur inédite.

Parmi les sondés, 26 % estiment que la violence est présente dans leurs établissements. Un chiffre qui atteint 64 % dans l’éducation prioritaire, preuve que les ZEP n’usurpent pas leur nom et méritent vraiment leur réputation.

Pourtant, c’est pas le Texas!

«Il ne faut pas minimiser la gravité de certains faits, mais l’école n’est pas à feu et à sang» pondère cependant Éric Debarbieux. En chiffres, cela donne près de 70% des personnes interrogées qui déclarent que le climat scolaire est bon. En fait, très majoritairement, 82% des enseignants se sentent respectés par leurs élèves.

Et puis, contrairement aux idées reçues, les violences à l’encontre des professeurs sont rares. Certes, chaque semaine, un incident tragique impliquant des collégiens ou des lycéens vient gonfler les pages de faits divers des journaux, mais concrètement les profs sont plutôt en sécurité. Depuis septembre dernier, 5 % des personnels disent avoir été «bousculés violemment», 0,9 % «frappés» et 0,3 % «blessés par arme». Mais dans le même temps, les violences verbales s’accentuent (42 % ont été «insultés», dont 13 % à plusieurs reprises).

Refuser l’amateurisme ou offrir le professionnalisme à des élèves qui ne le méritent pas?

Le harcèlement et l’ostracisme entre collègues sont présents de manière non négligeable, car 11 % des enseignants disent avoir été harcelés depuis la rentrée et 18 % ont été mis à l’écart par des collègues. La terrible loi de la redoutée salle des profs, n’est-ce pas?

Pour M. Debarbieux, «il n’existe pas de baguette magique. Il faut une politique publique sur le long terme, pas un “plan”». «Lorsque nous sommes passés, sous Luc Chatel, des États généraux de la sécurité à l’École (il en était le président scientifique, NDLR) aux Assises nationales contre le harcèlement à l’école (il en a réalisé le rapport), nous avons franchi un pas énorme», précise le «Mr violences scolaires» de Vincent Peillon.

Avec un phrasé digne d’un Jean-Luc Mélenchon en pleine campagne, Éric Debarbieux rappelle que «la meilleure prévention à la violence, c’est l’humain». Seulement, l’humain sans formation, c’est comme la puissance sans maîtrise, ça ne sert à rien dirait Pirelli. Parmi les enseignants, ils sont 40,71 % à estimer avoir été «bien» ou «plutôt bien» préparés à leur métier. «Il faut être capable de prévoir l’urgence et refuser l’amateurisme», explique Éric Debarbieux. «Depuis des années, certains professeurs font de la gestion de groupe en sauvage, en ignorant les notions de minorité, d’influence de la majorité et le fait que le harcèlement est une oppression de conformisme. Pour faire face à ces situations, les enseignants n’ont pas besoin de «trucs», mais de «compétences».

Et puis, le plus drôle et le plus prévisible dans cette histoire c’est que selon M. Debarbieux, « les déclarations tonitruantes sur le mariage pour tous ont faits des dégâts dans les établissements ». Conformément aux vœux du gouvernement, la délégation s’intéressera donc aussi au sexisme. Elle vient d’ailleurs d’élaborer un «kit» sur le sujet, à destination des personnels d’éducation. Après, il reste encore incertain que tous les élèves acceptent la libre expression de l’homosexualité, surtout à 13 ans…

One Comment »

  1. ecolemaison 01/03/2013 at 17:46 - Reply

    L’école n’est pas à feu et à sang? Relativisme, quand tu nous tiens… C’est du jamais vu, une violence invraisemblable. Il n’y a pour beaucoup de parents qu’une solution: déscolariser l’enfant et lui faire suivre des cours à distance. Un phénomène que nous décrivons sur notre blog.

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