Mac DeMarco : Interview au Pitchfork Festival
A 23 ans, Mac DeMarco en est déjà à son 7ème album. Le Canadien aux dents du bonheur fait surtout parler de lui pour ses frasques sur scène. Pourtant, lors du Picthfork festival, c’est un gars talentueux et plutôt timide que j’ai rencontré.
Ça fait quoi d’être aussi connu à 23 ans ?
M : Je ne sais pas, c’est très étrange. Je ne pense pas être si célèbre que ça. Certaines personnes me reconnaissent, mais au final, c’est assez drôle, parce que j’ai l’habitude de glander sur mon canapé en slip alors que les gens pensent que je fais des trucs dingues. Ils s’imaginent ma vie comme beaucoup plus excitante que ce qu’elle est réellement.
T’as commencé sous le nom Makeout Videotape. Pourquoi avoir changé pour Mac DeMarco ?
Parce que ce nom était juste trop bizarre. Imagines, tu dis à ta grand-mère que tu vas jouer à NYC et elle te demande : « C’est quoi le nom de ton groupe ? ». T’as pas du tout envie de le dire devant ta famille ! Au début, je ne voulais pas prendre Mac DeMarco parce qu’au Canada, ça faisait genre nom de DJ pourri: « Ce soir c’est le DJ Mac DeMarco qui ambiance votre soirée ». Mais au final, c’est mon nom. Donc c’est pas si étrange que ça. C’est vraiment un territoire bizarre les noms de groupe.
Comment tu décrirais ton dernier album ?
Il est différent des autres. Les albums que j’ai sortis sous Makeout Videotape, c’était juste moi qui apprenais à écrire des chansons. C’était juste des expériences avec des sons un peu bizarres. Après j’ai signé avec un label, j’ai commencé à faire des concerts donc forcément mes albums ont évolué. Mais le dernier, «2 » ressemble étrangement un peu à mes débuts en tant que Makeout Videotape.
Tu t’es autoproduit pendant un moment. Tu regrettes pas d’avoir signé sur un label ?
Non, pas du tout. Ils m’aident beaucoup. C’était chaud de devoir tout faire soi-même pendant 5 ou 6 ans. Je produisais mes propres albums, je me débrouillais pour trouver des salles où jouer, etc… C’est hyper difficile d’être connu quand tu fais ça, donc je devais faire un autre job à côté et m’occuper de la musique pendant mon temps libre. Maintenant, je gagne de l’argent avec mes albums. Je ne vais pas dire que c’est un vrai travail, mais je peux vivre de ça oui.
T’es clips sont assez barrés. Où tu vas chercher tout ça ?
Je pense que ça vient plutôt des réalisateurs des vidéos. Par exemple, dans la vidéo « My kind of woman », ils savaient très bien ce qu’il voulaient faire. Donc j’ai dit : « Bien sûr, transformez moi en femme, ça va être fun ». Je pense qu’ils ont le sentiment que je peux faire n’importe quoi du genre Marco peut se mettre à poils sans problème. En fait, ils m’exploitent mais ça va, c’est cool. Ca dépend vraiment des réalisateurs, des fois ce sont mes amis, mon bassiste en a fait quelques-unes… Je ne pense pas beaucoup aux clips, je dis juste aux gars « Allez on boit 15 bières et ensuite vous allumez la caméra ! ».
Tu fais des interviews pour MTV dans « Weird Vibes », c’est cool ?
Ca va. Mais, honnêtement je ne suis pas vraiment très bon et ce n’était pas prévu. Quand la caméra est allumée et que tu as la pression, ça ne peut pas être drôle. Je pense que je serais bien meilleur en tant que présentateur d’une émission du genre «Late night with Mac DeMarco » (rires.). Bref, je suis plus intéressé par la musique, mais tu ne sais jamais ce qu’il peut arriver dans la vie.
Une question que tu voudrais poser en interview?
« Quel est ton signe astrologique jeune fille ? »
Tu sais déjà ce que tu vas faire sur scène ce soir ? D’ailleurs, ça t’énerve que les gens disent que tu fais des trucs chelous ?
Ca dépend, si un gars vient me voir en disant « Yo mec, tu vas te mettre à poils et te mettre un bâton dans le cul ce soir ? », je ne vais pas le faire, parce que je n’aime pas qu’on m’oblige à quoi que ce soit. C’est plutôt une question d’état d’esprit sur le moment. Je me ferais arrêter par les flics à la longue en faisant des trucs trop choquants tout le temps. Moi et les gars, on joue les mêmes chansons à chaque concert, mais après rien n’est préparé. On ne sait jamais ce qu’il va arriver.
Pas mal de monde te considère comme un mec bizarre…
Je pense que faire des trucs bizarres, cela fait partie de ce qu’on fait. Je veux dire, les groupes qui sont sur scène et qui ne bougent pas, ils mettent tout le monde mal à l’aise. Si tu fais un peu le con en concert, que ça se voit que tu apprécies le moment, les gens vont se dire « Tiens je n’ai pas besoin d’être un asshole, cette ambiance est cool ». A ce moment là, le public va pouvoir autant profiter que moi sur scène. Les gigs de Mac DeMarco doivent être marrants et sympas.
Sinon, c’est quoi tes plans pour cette année ?
J’ai un nouvel album prévu pour le 1er avril que je viens de finir la semaine dernière. Là, on est en Europe pour une semaine, ensuite on va en Asie, en Australie. Après ça, l’album va sortir donc on va continuer la tournée pour toujours. Des fois, ma vie sans obligations et sans responsabilité me manque mais je dois bien gagner ma vie !
Ta marque de bière préférée ?
Aucune. Je pense que c’est la manière dont j’ai grandi avec mes potes dans ma ville natale qui m’a fait aimer la bière. Tu rentrais dans le supermarché et t’essayais de trouver le pack de bières le moins cher possible. Je crois qu’on buvait un truc qui s’appelait genre « Bone Island » ou « Bone Valley Strong ». C’était une cannette argentée et il y avait juste marqué Beer et Beer une deuxième fois en dessous. Au Canada, tout doit être en Anglais et en Français donc ils pensaient que Beer était aussi un mot français. Ca donne une idée de la qualité de la bière ! Donc tu pouvais boire une « Beer Beer Strong » avec des trucs chelous qui flottaient à l’intérieur.
Tu parles Français en fait ?
Vraiment un tout petit peu. Je peux dire « Je m’appelle Mac, le parapluie, je voudrais un cheval-saucisse très gros in my mouth ».
Je te vois avec un paquet de Gauloises là. T’as lâché les Viceroy ou quoi ? (référence à sa chanson « Ode to Viceroy »)
Oui, parce que les Viceroy tu ne peux que les acheter au Canada ou en Europe de l’Est. Maintenant, je vis aux Etats-Unis donc je ne peux même plus en fumer. La plupart de temps c’est des Marlboro.
Ton insulte préférée ?
M : J’adore le bon vieux « fuck », mais c’est plutôt l’intonation avec laquelle tu le dis qui est importante. Ca n’a pas besoin d’être un mot vulgaire, c’est juste comment tu le dis. « Come on, what the f ? COME ONNN ». J’adore les insultes mais très spécifiques. Je dirais que ma préférée c’est « What the fuck you’re working on ? ». Tu sais t’es dans les embouteillages, coincé à un feu rouge et là tu le sors. Ca fait toujours son effet.
Les artistes qui t’ont influencés ?
Je ne sais pas, surement Paul Mc Cartney ou Michael McDonald pour faire un duo. J’adore les vieux trucs les Kinks, les Beatles, Jonathan Richman, Arthur Russell, Lou Reed, Yellow Magic Orchestra, Doobie Brothers, Christopher Cross… Donc pas mal de gens.
Les 3 mots de la fin pour te décrire ?
Very Sexy Boy.
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