« COMME DES LIONS DE PIERRE A L’ENTREE DE LA NUIT ». Réalisation d’Olivier Zuchuat. Sortie le 15 janvier 2014. Critique.
Entre 1947 et 1950 plus de 80 000 citoyens grecs ont été internés sur l’îlot de Makronissos dans des camps de rééducation destinés à lutter « contre l’expansion du communisme ». Parmi ces déportés se trouvaient des nombreux écrivains et poètes, dont Yannis Ritsos et Tassos Livaditis et Maneleos Loudemis. Malgré les privations et les tortures, ces exilés sont parvenus à écrire des poèmes qui décrivent leur (sur)vie dans cet univers concentrationnaire. Ces textes, pour certains enterrés dans des bouteilles dans le sol du camp, ont été retrouvés. Comme « Des Lions de Pierre à l’Entrée de la Nuit » mêle ces écrits poétiques avec des textes de rééducation qui étaient diffusés en permanence dans les haut-parleurs des camps.
Oliver Zuchuat réalisateur d’une dizaine de long-métrage, tous des documentaires, par de longs travellings, arpentent les ruines des camps et « se heurtent » aux archives photographiques. C’est un essai filmé qui ranime la mémoire de ruines oubliées et d’une bataille perdue..
Lorsque l’on pense Grèce et les îles c’est le ciel bleu, la mer turquoise et les ruines d’un passé glorieux berceau de notre civilisation. Pour nous tous ce sont les vacances, c’est Délos, Corfou, Samos, Mykonos, le folklore…C’est « Le Grand Bleu ». Ce documentaire nous rappelle par de longs travellings hypnotiques et des panoramiques à 360 ° sur des ruines non esthétiques, avec des poèmes terriblement beaux de désespérances, des archives anglaises effrayantes de connivence avec le gouvernement fasciste de l’époque et son hypocrisie qu’à Makronissos à la fin de la guerre et jusque dans les années 50, le Goulag pouvait exister sous des cieux cléments. Sur cette île, le vent souffle quasiment en continu ; C’était une torture naturelle. Il assiégeait et usait les hommes, détruisant leurs tentes. Ce documentaire est important et par le sujet qu’il traite et par la manière dont il est filmé. Ce devoir de mémoire est important et montre comment par idéologie on peut tomber dans l’inadmissible.
En 2013, quelques jours avant la sortie du film dans les salles de cinéma en Grèce, des membres de l’Aube Dorée, le parti néo-nazi grec qui est entré au parlement, ont proposé sur une page facebook liée à leur mouvement de « ré-ouvrir les camps de Makronissos » pour y placer « toute la gauche grecque » ;
Merci à Olivier Zuchuat de nous rappeler, par ce documentaire qu’il faut aller voir, qu’à chaque instant la liberté d’expression peut être menacée. C’est l’Alpha, Beta, Gama, de la démocratie.





